Serge Abad-Gallardo, ancien franc-maçon revenu à la foi catholique en 2012, auteur de Secret maçonnique ou vérité catholique, explique dans Famille chrétienne :
[…] Concrètement, comment se fait le recrutement ?
Il y a deux voies possibles. La première consiste à écrire à une obédience nationale en exprimant la volonté d’entrer. C’est possible pour un certain nombre d’obédiences. Il y a une phase d’enquête, puis on vous rencontre. La procédure aboutit ou non, en fonction de votre profil. L’autre voie, la plus fréquente, c’est par une relation collègue de travail, de sport, ami qui est dans la franc-maçonnerie et ne vous le dit pas. Des liens se créent. Un jour, cette personne vous fait part de son appartenance et vous fait la proposition, après vous avoir étudié, vous jugeant « compatible » avec la démarche.
Cela s’est-il passé ainsi pour vous ?
Oui. Je ne soupçonnais pas que cette personne était franc-maçonne. Elle a utilisé un jour l’approche classique consistant à dire : vous y seriez bien, cela vous enrichira, vous y apporterez quelque chose. Quand on vous dit que vous pourriez apporter quelque chose à un ordre qu’on vous présente comme étant à l’origine d’une recherche de bonheur de l’humanité, cela flatte l’orgueil. Vous allez devenir quelqu’un qui va œuvrer dans l’ombre à l’amélioration matérielle et morale de l’humanité. Comment voulez-vous refuser ?
Dans les arguments employés, quels sont ceux qui vous ont convaincu ?
La vérité, c’est qu’il n’y a pas vraiment d’arguments. Il s’agit plutôt de ressorts. Le principal d’entre eux est la curiosité. On vous laisse entendre que vous allez comprendre des choses secrètes, que les profanes ignorent. Dans mon livre (voir encadré), je cite une phrase du rituel : « Nous ne nous cachons que pour susciter par l’attrait du mystère le désir de pénétrer parmi nous. » C’est un des éléments qui explique la pratique du secret.
Y a-t-il des « profils » considérés comme « favorables » au recrutement par les franc s-maçons ?
L’absence de convictions est un terrain favorable. Une recrue intéressante peut être le « maçon sans tablier », acquis à la doctrine maçonnique sans avoir été initié et sans même le savoir, qui trouve les valeurs maçonniques éminemment intéressantes, ou encore quelqu’un qui a un attrait pour l’ésotérisme, voyant les signes d’une puissance cosmique partout, imprégné d’une forme de panthéisme. Accessoirement, la franc-maçonnerie recrute essentiellement c’est un peu moins vrai pour le Grand-Orient dans les catégories socio-professionnelles aisées.
Quelle place ont la mondanité, le réseautage et le carriérisme dans l’attrait exercé par la franc-maçonnerie ?
On peut dire que 10 à 20 % des francs-maçons le sont devenus pour des raisons de réussite ou d’arrivisme. La Grande Loge nationale française a la réputation d’être porteuse pour les affaires, le Grand-Orient de France est plus politique. Alors que j’étais fonctionnaire dans la territoriale, j’ai pu rencontrer un préfet ; puis un architecte des Bâtiments de France lorsque j’étais directeur de l’urbanisme… Tout cela met de l’huile dans les rouages ! 30 à 40 % sont des révolutionnaires acharnés. Les autres 30 ou 40 % sont constitués de personnes attirées par une recherche spirituelle. J’ai rencontré beaucoup de gens qui cherchent sincèrement, mais qui cherchent dans le vide. […]
Avez-vous rencontré beaucoup de catholiques chez les francs-maçons ?
Dans l’obédience à laquelle j’ai appartenu, je n’en ai pas rencontré beaucoup. Tout dépend bien sûr de ce qu’on appelle « catholiques ». Au sens de « baptisés », il y en a. Si cela implique une pratique, une expérience profonde de Dieu, je n’en ai pratiquement jamais rencontré. J’en ai vu dans certaines obédiences comme la Grande Loge nationale française, lorsque j’y étais invité. Mais ce que j’ai observé, c’est que ces gens-là s’éloignent de l’Église. La franc-maçonnerie conduit inévitablement à l’apostasie même quand on a une expérience ou une pratique fervente.
En quoi la franc-maçonnerie est-elle un danger ?
Pour le dire de manière synthétique, la franc-maçonnerie est une œuvre ésotérique qui vise à l’anéantissement de la foi et de la morale chrétienne. L’essence de la franc-maçonnerie est le gnosticisme et l’ésotérisme. Elle propose le bonheur de l’humanité tout de suite et pour tous, et le salut pour quelques initiés. Le Christ, Lui, nous indique que la vraie vie est celle de l’Éternité, que nous devons tendre intensément au Salut, que nous recevons par sa grâce. Dieu est venu parler au plus petit d’entre nous, pas à une caste d’initiés.
Source : lesalonbeige