Grâce à un lecteur qui a attiré mon attention sur ce sujet, j’ai découvert avec beaucoup de retard le Baromètre de la confiance politique (réalisé par le Cevipof, centre de recherches associé à Sciences Po) de 2019.
Cette édition était particulièrement intéressante car elle était assortie d’une étude sur la décennie 2009-2019.
Et les résultats sont si explosifs que la presse bien-pensante a purement et simplement « oublié » la moitié des pages de ce Baromètre. Seul « Valeurs actuelles » a eu la curiosité d’aller y voir de plus près.
Les auteurs de l’étude parlent de « décennie noire » et ce n’est pas un vain mot. Pour la première fois depuis 1944, les Français ne croient plus que leurs enfants vivront mieux qu’eux.
La société française, dit l’étude, est marquée par « un fragile optimisme individuel et d’un fort pessimisme collectif ». Il est d’ailleurs remarquable qu’aux trois dernières présidentielles, le vainqueur ait réuni moins de 50 % des électeurs inscrits.
Ce fort pessimisme collectif s’explique aisément : tout ce qui pouvait donner aux Français le sentiment de partager un commun destin collectif a été méthodiquement détruit.
Les enfants n’apprennent plus la culture française à l’école : les humanités, qui constituaient jadis le B-A BA de notre vision du monde, ont été détruites car supposément trop « élitistes » et l’histoire est devenue une longue litanie de repentances.
Dans le même temps, l’immigration et le refus d’intégration (tant de la part d’une large part de la population immigrée que de la part des prétendues « élites ») ont conduit à une véritable politique de ghetto.
Ghetto physique d’abord : dans certains quartiers de France, nous ne sommes plus en France, mais dans une banlieue de Bamako, Ankara ou Alger. Et les Français sont chassés de ces quartiers ou sommés de se comporter en étrangers dans leur propre pays. Ghetto culturel, beaucoup plus généralement : la culture française cohabite avec beaucoup d’autres – souvent mieux traitées par l’État.
S’ajoute l’extrême individualisme qui conduit à des aberrations selon lesquelles je peux être tout ce qui me passe par la tête et le reste du monde est sommé de respecter mes moindres lubies.
Que cela conduise à des absurdités ne semble même pas effleurer la caste jacassante. Tout récemment, la présidente des Associations Familiales Catholiques, médecin de formation, se trouvait à l’Élysée et a eu l’occasion de dire à Emmanuel Macron les raisons de son opposition au projet de loi bioéthique.
Le président lui a répondu : « Votre problème, c’est que vous croyez qu’un père est forcément un mâle. Tous les psychanalystes vous diront le contraire. »
Le moins que l’on puisse dire, c’est que tous les psychanalystes ne pensent pas qu’il soit aisé de remplacer un père par une grand-mère comme le proposait Mme Buzyn.
Mais le plus extravagant n’est même pas cette ineptie : M. Macron est l’incarnation de la société rêvée par Mai 68, sans racine, sans famille, sans culture et on n’attend pas autre chose de sa part. Mais que personne ne réagisse dans la « grosse presse » en dit long sur la déconnexion de l’oligarchie, non seulement par rapport au peuple, mais surtout par rapport au réel.
Les conséquences de cette tragique déculturation, mentionnées dans le Baromètre, sont dès lors logiques : 63 % des sondés estiment que la démocratie ne fonctionne pas bien. Seuls 30 % ont confiance dans les syndicats, 25 % dans les médias et 12 % dans les partis politiques.
Bref, le rejet est immense et cette décennie noire pourrait bien annoncer la fin de la dissociété soixante-huitarde. Et annoncer alors la résurrection de la France ?
Source : les4verites