Jeudi dernier, le groupe chinois Huawei a présenté à la presse sont tout nouveau téléphone haut de gamme, le P40. Ce portable nouvelle génération permet, notamment, d’utiliser le tout nouveau réseau de la 5G, mais aussi de prendre des photographies encore plus poussées. Du fait des sanctions commerciales étatsuniennes contre Huawei, le groupe chinois ne peut plus utiliser les applications américaines, dont Google, sur ses cellulaires.
Aussi, afin de continuer à doter ses produits d’un moteur de recherche par défaut, c’est le français Qwant qui a été choisi pour remplacer Google ! Créé en 2013, son siège social se situe à Paris. Son objectif est de proposer aux utilisateurs un moteur de recherche qui ne trace pas leurs cheminements sur Internet, ni ne vend aucune de leurs informations à des groupes intéressés par l’exploitation des données personnelles. Qwant est ainsi un moteur de recherche respectueux de la vie privée de ceux qui l’utilisent. Aussi, Qwant n’utilise pas de cookies pour tracer les internautes.
Qwant fait partie de l’Open Internet Project, une association française constituée en groupe d’influence, dont l’objectif est d’œuvrer à la promotion d’un espace digital davantage souverain pour l’Europe. Dans l’esprit, il s’agit de décoloniser l’Europe digitale de l’influence américaine des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). Actuellement, 81% du trafic sur Qwant provient de la France, où il est le deuxième moteur de recherche le plus utilisé après Google. Les requêtes sur le moteur français constituent actuellement 5% des recherches en France. La marge de croissance est donc encore grande.
Il est probable que cette alliance avec Huawei va faire exploser son utilisation. Le P40 sera ainsi disponible à partir du 7 avril prochain, et sera vendu en France, en Allemagne et en Italie. A terme, Qwant pourrait devenir le moteur de recherche de tous les futurs smartphones chinois. Un changement d’échelle rendu possible par les sanctions américaines, et qui représente une opportunité exceptionnelle pour la technologie française.
Qwant prend toujours plus d’ampleur : ainsi, Florence Parly, Ministre de la Défense, avait annoncé il y a quelques mois que son ministère allait désormais utiliser le moteur de recherche français de manière généralisée, afin de sécuriser ses recherches en ligne.
Pour Huawei, le choix de Qwant est hautement stratégique mais aussi marketing. En plus d’avoir la possibilité de proposer à ses utilisateurs un moteur de recherche performant en remplacement de Google, ce choix est un réel pied de nez fait aux Etats-Unis. En effet, les sanctions mises en place par Washington reposaient sur les présomptions d’espionnage numérique adressées au groupe chinois. Aussi, choisir de s’allier avec un moteur dont l’ADN technologique repose sur la protection des données personnelles constitue un coup marketing de haute volée.
Pour la France, cette opportunité constitue potentiellement le premier pas d’une montée en puissance de la technologie numérique française, qui avait raté le coche de cette nouvelle révolution industrielle, alors même que la France avait été l’un des acteurs majeurs de la création d’Internet, avec le projet Cyclades, dans les années 1970.
Alors que les équilibres mondiaux sont redistribués et que l’Eurasie apparaît comme un nouvel espace d’intégration pour le XXIe siècle, l’émergence de cette alliance franco-chinoise face aux GAFAM ne peut que réjouir. Il appartient désormais à chacun d’entre nous de favoriser notre souveraineté numérique, et d’installer Qwant comme notre moteur de recherche par défaut.
Source : 24heuresactu