Un petit groupe d’enfants, âgés de 6 à 7 ans, tyrannise les autres élèves et les instituteurs.
«Mon fils adorait l’école, maintenant il refuse d’y aller et n’arrive plus à dormir la nuit», confie au Figaro la porte-parole des parents d’élèves de l’école primaire de Saint-Eloi-de-Fourques. Attaques au couteau, agressions, insultes… Depuis septembre 2020, la classe de CP et de CE1 de cet établissement de l’Eure endure un véritable calvaire. En cause : un petit groupe d’élèves, âgés seulement de 6 et 7 ans, qui sème la terreur.
En classe, les chaises volent, littéralement, «traversant au moins trois rangs de table», et la maîtresse reçoit régulièrement des projectiles lancés en direction du tableau. «La dernière fois, c’était un pot de compote qu’ils lui ont lancé en pleine figure, et ils lui ont dit ‘espèce de vieille c***e», explique Emma, 8 ans. «La maîtresse est sortie dans le couloir et elle a pleuré, on lui a dit ‘t’inquiète pas maîtresse’», raconte au Figaro la petite fille. Les élèves aussi ne sont pas en reste. «Il y a trop de bruit en classe, et puis ceux qui ne sont pas sages ils déchirent nos cahiers, coupent nos gommes, disent des gros mots et jettent des tables», qui sont autant de barricades «pour se protéger», glisse Yaksen, 7 ans, scolarisé en CE1. «On a peur, alors on a formé trois clans, et les plus grands se mettent devant pour protéger les autres», confirme la petite Emma. Dans la cour de récréation et à la cantine, le chaos règne aussi. Certains se voient contraints de boire l’urine versée dans leur gourde, «la potion magique pour ne pas attraper le corona», disent les élèves. D’autres se font attaquer au couteau lors du déjeuner, et les plus téméraires qui osent répondre à leurs agresseurs voient leurs petites sœurs menacées de mort.
(…) «Qu’est-ce que ça va être quand ils seront au collège? Qu’est-ce qu’on attend pour agir? Qu’il y est une marche blanche après une attaque au couteau ?», s’interroge Sophie, la mère d’Emma. «La classe a trois mois de retard dans le programme, et nous sommes plusieurs à nous poser la question de la déscolarisation de nos enfants».
(…) Selon le maire de la commune, il ne s’agit pas toutefois de «stigmatiser ces enfants qui ne sont pas responsables de leur comportement», mais plutôt de revendiquer «davantage d’encadrements, d’organisation de la part des institutions et de moyens», tels que «le dédoublement des classes» mais aussi «la présence d’un spécialiste de l’accompagnement des élèves ayant un problème avec l’école», appelé «maître G».