La mutuelle historique de l’Éducation nationale s’est prise de passion pour le football. Ou, plutôt, pour un footballeur, Lilian Thuram, au point de financer sa fondation. Or l’ex-pousseur de baballe copine avec la crème de l’indigénisme.
Il ne manquait que plus que la Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN) pour tomber dans l’indigénisme. Née en 1946, dans la foulée des réformes sociales prônées par le Conseil national de la Résistance (CNR), cette mutuelle initialement dédiée aux instituteurs et aux professeurs de l’Éducation nationale s’appuyait sur un socle idéologique fermement républicain : laïcité, universalisme, humanisme des Lumières. Elle a aussitôt obtenu la gestion des droits de la Sécurité sociale de tous les professionnels de l’Éducation nationale, puis de plusieurs autres ministères. Elle a ensuite pris pas mal d’embonpoint en proposant des complémentaires santé, ainsi que des contrats collectifs pour les entreprises et les associations. Devenue un mammouth, elle compte aujourd’hui 4,2 millions d’adhérents, 10 000 salariés, et son chiffre d’affaires dépasse les 2,7 milliards d’euros.
Or elle manifeste depuis quelque temps une orientation idéologique problématique. Les adhérents ont ainsi découvert récemment, non sans perplexité, un article encensant le livre de Lilian Thuram dans le périodique de la MGEN, Valeurs mutualistes (n° 322, octobre-décembre 2020). Ce célèbre ex-footballeur, gloire du Mondial de 1998, s’est reconverti en « intellectuel » et a signé un ouvrage intitulé La Pensée blanche (éd. Philippe Rey, 2020). Cet essai, d’inspiration racialiste, postule, comme le titre l’indique, que les « Blancs » ont une manière de penser et d’agir particulière – et notamment un tropisme à la domination envers les populations « non blanches ». Que la MGEN souscrive à cette vision des choses peut faire avaler de travers nombre de professeurs….