« Ils sont en train de nous énerver pour nous faire marcher sur l’Élysée et pouvoir décréter la loi martiale ».
Je ne comprends pas l’intérêt de ce genre de prospectives incapacitantes. Nous voyons bien qu’il y a des forces en lutte dans la société, énormes, telluriques. Elles existaient déjà, mais leur jeu s’est déréglé sous le poids accumulé de leurs contradictions, en sorte qu’elles ont cessé de produire un équilibre. La situation qui en découle est d’une complexité extrême. Nul ne saurait en prédire l’issue, ni a fortiori en tirer toutes les ficelles. Personne ne peut se croire en surplomb. Nous sommes tous embarqués.
Aujourd’hui, nous avons rendez-vous avec le réel et avec nous-mêmes, pas avec des « eux », encore moins avec des eschatologies fumeuses et désincarnées, optimistes ou pessimistes, produites par nos systèmes de défense psychologique.
Nous vivons l’un de ces moments où l’Histoire ne nous est plus extérieure.
Que chacun examine avec lucidité ses forces et ses faiblesses, se concentre sur son présent, et se contente de faire ce qu’il estime avoir à faire.
C’est de la formulation et de la coagulation de ces millions de micro-défis, individuellement et matériellement relevés, que découlera notre victoire, selon des modalités qui nous échappent encore et dont nous ne devons, a priori, écarter aucune.