En plus d’être inefficace, la politique européenne du retour des migrants serait contre-productive, selon un rapport de la Cour des comptes européenne. Sur les 500 000 étrangers qui reçoivent chaque année l’ordre de quitter l’UE parce qu’ils y sont entrés ou y séjournent sans autorisation, un tiers seulement retourne effectivement dans son pays d’origine ou de transit, de façon volontaire ou forcée. Ce taux passe sous la barre des 20 % pour les retours vers des pays situés en dehors du continent européen.
Chaque année depuis 2008, environ un demi-million de citoyens de pays tiers reçoivent l’ordre de quitter le territoire de l’Union parce qu’ils y sont entrés ou y séjournent sans autorisation. Pourtant, moins d’un sur cinq rentre effectivement dans son pays d’origine situé hors d’Europe. Le faible nombre de retours de migrants en situation irrégulière s’explique notamment par la coopération difficile avec leurs pays d’origine. L’UE a déjà conclu 18 accords de réadmission juridiquement contraignants et ouvert officiellement des discussions avec six autres pays. Elle a aussi négocié récemment six arrangements juridiquement non contraignants en matière de retour et de réadmission.
Pour le responsable du rapport, l’ancien ministre maltais Leo Brincat,
« le système de retour de l’UE pâtit d’un manque d’efficacité tel qu’il produit l’effet inverse de celui escompté : il encourage plus qu’il ne décourage la migration irrégulière, a-t-il déclaré lors d’un point presse. Les migrants savent bien que les retours ne sont pas effectifs, donc cela peut effectivement les encourager à venir ».
Pour favoriser ces retours, l’UE a conclu depuis le début des années 2000 des accords de réadmission avec 18 pays tiers (dont Albanie, Bosnie, Serbie, Pakistan, Géorgie, Turquie, Bélarus) et ouvert des discussions avec six autres (Maroc, Algérie, Chine, Tunisie, Jordanie, Nigeria). L’UE a aussi négocié entre 2016 et 2018 six arrangements juridiquement non contraignants en matière de retour et réadmission (Afghanistan, Bangladesh, Guinée, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Gambie).
Source : lesalonbeige