La galerie Hussenot, à Paris, a présenté une exposition du photographe Hugo Comte qui s’impose en créateur d’images mythologiques saisissantes où s’entrechoquent les références, les époques et les cultures. Ses nouvelles créations, réalisées avec le styliste Ibrahim Kamara, offrent une réinterprétation ultra-contemporaine de nos mythologies (des dieux de l’Antiquité aux chevaliers du Moyen Âge) à l’heure de Black Lives Matter. Célébré jusqu’ici pour ses clichés de mode et de musiciennes comme Dua Lipa, Hugo Comte se dévoile en artiste passionnant.
Paré de son armure et de sa cotte de maille, un chevalier plante en conquérant sa lame dans un sol cendré. L’impressionnante photographie, réalisée par Hugo Comte pour sa première exposition parisienne à la galerie Hussenot, exprime à elle seule l’ambition plastique et politique de l’artiste. Le cadre, extrêmement maîtrisé, enserre le corps pour mieux imposer sa présence. Les dorures et le métal resplendissent, métamorphosant le combattant en une icône auréolée. […] Délaissant les récits canoniques, le photographe assoie un nouveau “Testament” (titre évocateur de son exposition) très personnel, nourri d’une pensée éveillée aux enjeux contemporains. Car son chevalier est une femme. Et cette femme est noire.
Sur une autre photographie (toutes sont évidemment au format majestueux de la peinture d’histoire), les déesses et dieux drapés de blanc y sont également noirs. Jésus lui-même apparaît ailleurs en femme noire. Les fictions d’Hugo Comte pallient une Histoire défaillante, imaginant des univers parallèles ou multivers où les femmes et l’hommes noirs seraient les héros de nos mythologies communes. Cette part de l’exposition, réinventant l’iconographie et les mythes occidentaux à l’ère de Black Lives Matter, emprunte un procédé narratif bien connu des fans de séries et de comics : le “What if… ?” ou “Que se serait-il passé si… ?” […]
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