Vers l’explosion de la zone euro, la récession et la stagflation (23/06/2022)

Publié par Guy Jovelin le 23 juin 2022

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Marc Rousset

Des cygnes noirs affluent de partout vers l’UE soumise à l’Amérique et à l’OTAN en guerre avec la Russie, tandis que les taux d’intérêt augmentent. Les bénéfices des entreprises sont maintenant menacés ; les marchés boursiers dégringolent ! L’indice CAC 40 a terminé vendredi à 5 882,65, son plus bas niveau de clôture depuis mars 2021 ; sa perte hebdomadaire s’élève à 4,92 %, sa pire semaine depuis l’intervention fin février de l’armée russe en Ukraine.

Aux États-Unis, les marchés ont aussi beaucoup descendu, mais le festival vient en fait juste de commencer. Sur la semaine, le S&P 500 a reculé encore de 5,79 %. L’institut « Conference Board » a révélé que 76 % des 750 patrons interrogés dans le monde considéraient soit qu’une récession se profilait à l’horizon, soit qu’elle était déjà effective.

Selon de nombreux investisseurs américains, l’économie va s’effondrer et la récession sera très rapide, suite à la forte augmentation des taux par la Fed. Face à l’inflation galopante de 8,6 % en mai, la banque centrale américaine a relevé mercredi ses taux directeurs de 0,75 %, soit la plus forte hausse depuis 1994. Afin de ramener théoriquement l’inflation à 2 %, les taux devraient s’établir d’ici la fin de l’année entre 3,25 % et 3,50 %.

Dans la plupart des pays de l’UE et dans la zone euro, rien ne va plus ! Ces pays veulent fournir des armes lourdes à l’Ukraine qui ne changeront en rien le cours de la guerre si ce n’est d’augmenter le nombre de morts des deux côtés (la Russie dispose de 3 000 canons), mais Poutine n’apprécie pas. Le Vice-Premier ministre russe Alexandre Novak a déclaré que l’Europe devrait débourser 400 milliards de dollars supplémentaires pour assurer son approvisionnement en énergie avec à la clé une augmentation des prix pour les automobilistes et les acheteurs de gaz ou d’électricité. Le déficit commercial de la zone euro a presque doublé en avril 2022 à 31,7 milliards d’euros, alors qu’en avril 2022 l’excédent était de 14,9 milliards d’euros.

Suite à la fourniture de 18 canons Caesar à l’Ukraine prélevés sur le stock des malheureux 77 canons d’une armée française d’échantillons qui en manquent déjà cruellement, la France ne reçoit déjà plus de gaz russe par gazoduc et importe du gaz de schiste liquéfié beaucoup plus cher et polluant, par méthaniers en provenance des États-Unis. La France qui n’est pas à un paradoxe près est aussi devenue le plus gros acheteur de gaz GNL russe dans le monde. Quant au gazoduc Nord Stream 1 en Allemagne, suite à la fourniture de blindés à l’Ukraine par l’Allemagne, il ne fonctionne plus qu’à 40 % de ses capacités. Le président allemand des réseaux Klaus Müller a prévenu que même avec des réserves de gaz totalement remplies (alors qu’elles ne le sont qu’à 56 %), l’Allemagne n’aurait que deux mois et demi de gaz devant elle si la Russie décidait d’arrêter totalement ses livraisons.

La triste réalité, c’est que le gaz russe, suite aux provocations européennes récentes de la France, de l’Allemagne et de l’Italie, est en train d’être coupé progressivement. La France et l’Allemagne risquent de manquer d’électricité cet hiver. Les revenus de la Russie, du fait de l’envolée du prix du gaz, ne sont pas affectés par la baisse des livraisons. Sur le marché européen de Rotterdam, le gaz naturel a augmenté la semaine dernière de 30 %. Et le bouquet, c’est lorsque l’Inde achète du pétrole brut à la Russie pour revendre des carburants à l’Europe !

Du côté des cryptomonnaies, détenues par 8 % des Français, l’effondrement total se rapproche et ça sent le sapin ! Le marché des cryptomonnaies est passé sous le cap symbolique des 1000 milliards de dollars, alors qu’il se montait à 3000 milliards en novembre dernier. Le bitcoin a continué sa chute ce samedi ; il est descendu jusqu’à 18 740 dollars, soit une chute de 72 % depuis son sommet historique du 10 novembre 2021. Ce samedi, toutes les cryptomonnaies se sont repliées ; l’éther deuxième devise numérique la plus utilisée a perdu 10 %. Nous sommes en plein marché baissier (« bear market ») d’autant plus que le Nasdaq a perdu 30 % depuis novembre 2021 à Wall Street. Les cryptomonnaies se rapprochent du précipice et de l’effondrement, les Bourses pouvant connaître à leur tour un krach retentissant.

Après Celsius aux États-Unis, le gigantesque fonds d’investissement singapourien crypto Three Arrow Capital est à son tour en grande difficulté ; la question de son insolvabilité est soulevée, ce qui pourrait entraîner tout le secteur vers l’abîme. Les entreprises du secteur licencient déjà en masse, parfois jusqu’à 20 % des équipes. Ce pourrait bien être le début de la fin. Les investisseurs, pris de panique, se sont déjà retirés. Selon le professeur d’économie Kenneth Rogoff de Harvard, les cryptoactifs doivent être purement et simplement interdits.

Il est en effet possible de s’interroger sur la pertinence d’investir dans les soi-disant cryptomonnaies. Le statut de monnaies du futur est une sinistre plaisanterie propre à l’air du temps imbécile, irréaliste et naïf. Avec des variations si fréquentes d’une telle ampleur, les cryptos ne peuvent pas devenir un moyen de régler les achats. Ce ne sont pas des monnaies, mais tout simplement des actifs financiers spéculatifs dont la valeur intrinsèque est nulle. Ces actifs ne constituent pas une valeur refuge comme l’or physique et ne protègent pas contre l’inflation. Seuls quelques spéculateurs chanceux s’enrichissent tandis que la plupart des petits acheteurs finissent ruinés. De plus, la fabrication des cryptos demande une énergie considérable, d’où l’interdiction en Chine. Les cryptos vivent tout simplement le krach de la folie humaine, de la « tulipomanie » en Hollande au XVIIe siècle et des valeurs internet en 2000.

Quant à la BCE, elle doit résoudre les problèmes de la quadrature du cercle, après avoir accru la masse monétaire de six mille milliards d’euros depuis la crise de financière de 2008, lors du rachat des titres de dette publique des États dont les titres irremboursables. À la bulle de tous les actifs pourrait bien correspondre et s’ensuivre un krach, style 1929, de nombreux actifs. L’euro ne fait que baisser face au dollar, ce qui accroît l’inflation dans l’UE tandis que le rouble de Poutine se revalorise d’une façon hallucinante.

Les taux italiens flirtent autour de 4 % avec une dette qui représente 160 % du PIB, soit un écart (« spread ») de plus de 2 % avec l’Allemagne. La BCE dit ne plus vouloir acheter de titres des dettes publiques pour combattre l’inflation, auquel cas les taux italiens vont continuer de s’envoler en conduisant l’Italie à la faillite ! La BCE doit donc faire face à la mission impossible de la « fragmentation » de la zone euro. Sa seule réponse à ce jour est qu’elle pourrait, contrairement à ses statuts et aux règles actuelles d’achats de titres des divers États, utiliser les montants des 250 milliards d’euros d’obligations arrivant chaque année à maturité pour acheter seulement les titres de dette publique des pays menacés de la France et de l’Europe du Sud.

La BCE prétend de plus qu’elle va mettre en place un nouvel outil anti-fragmentation, moyennant quoi elle ne pratiquera plus une politique anti-inflationniste. Tous les spécialistes des marchés se pressent au balcon pour voir l’outil mystère, le lapin crédible ou non qui va sortir du chapeau ! Draghi avec sa politique du « quoi qu’il en coûte » n’avait jamais eu besoin d’utiliser l’outil très contesté par l’Allemagne des OMT (« Outright Monetary Transactions »). Certains font remarquer que la BCE est de toute façon dans l’impossibilité de s’attaquer à l’inflation hybride qui est très liée aussi à une insuffisance de l’offre, à une augmentation des prix de l’énergie et des matières premières. Les marchés vont donc tester les possibilités réelles du mécanisme anti-fragmentation et la détermination de la BCE. Si la BCE déroge encore à ses statuts et aux règles conventionnelles d’une saine gestion, elle n’aura contribué encore une fois qu’à reporter en l’aggravant l’inéluctable explosion à venir.

L’Europe aliénée à l’Amérique est la grande perdante de la guerre en Ukraine qui n’est pas la sienne, mais celle de l’Amérique qui souhaite détruire la Russie. Renoncer au pétrole et au gaz russe bon marché, écologique, est complètement stupide ! Perdre nos marchés en Russie avec Renault l’est tout autant ! Le monde, et plus particulièrement l’Europe, vit sur un volcan, suite à son idéologie droit-de-l’hommiste stupide et à son aliénation suicidaire à l’Amérique.

La BCE et la Réserve fédérale marchent sur une corde raide face à l’inflation et à la récession. L’investisseur américain MIlling Stanley pu dire : « Nous avons la guerre, nous avons l’inflation, nous avons la peste. Que voulez-vous de plus, un fléau de sauterelles pour vous convaincre que nous sommes dans une zone de turbulences ? »

L’or physique est le seul actif capable de résister aux crises géopolitiques, civilisationnelles, politiques, sociétales, sociales, économiques, financières et monétaires qui apparaissent et s’accumulent à l’horizon.

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08:52 | Tags : explosion de la zone euro, recession, stagflation | Lien permanent | Commentaires (0)