L’Institut Pasteur a signalé, jeudi 16 mars, la diffusion en hausse d’une souche hautement résistante aux antibiotiques de la bactérie Shigella sonnei . Très contagieux, ce pathogène se transmet entre humains via des matières fécales (beaucoup plus rarement par des aliments contaminés). L’infection qui en résulte, connue sous le nom de shigellose, provoque des diarrhées fébriles parfois sanglantes et des douleurs abdominales. Cette maladie qui touche d’habitude les pays pauvres, provoque chaque année 70 000 décès, d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les chercheurs du Centre national de référence (CNR) chargé de la surveillance microbiologique de cette bactérie ont relevé 106 cas d’infections résistantes en France entre septembre 2020 et février 2022, la plupart concernant des homosexuels contaminés par transmission sexuelle. La bactérie est connue depuis très longtemps. « Cette souche a été détectée pour la première fois en France en 2015, relate le Pr François-Xavier Weill, responsable de l’unité Bactéries pathogènes entériques à l’Institut Pasteur. Elle a ensuite donné lieu à des épidémies circonscrites, souvent d’origine importée, notamment en 2017 dans une école qui a dû être fermée. Après une pause liée à la pandémie de Covid, elle s’est diffusée en France rapidement. En 2021, 22 % de toutes les souches de Shigella sonnei analysées étaient hautement résistantes ». Ces résultats ont été publiés en janvier dans la revue Nature Communication .
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« La surveillance de la bactérie par séquençage génomique au CNR permet de lancer une alerte précoce, alors que le phénomène n’est pas perceptible par les cliniciens, souligne le Pr Weill. À l’échelle nationale, les cas sont encore peu nombreux. Mais il est important que les médecins et les centres de dépistage soient informés de cette émergence pour pouvoir prendre des mesures visant à réduire la transmission de cette souche bactérienne ». Le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC), qui qualifie de « faible » l’impact de ces infections dans la population générale, s’inquiète de son côté dans un bulletin du 23 février qu’une propagation non maîtrisée de cette souche favorise l’acquisition de résistances par d’autres bactéries.
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