« Urgences en grève ». C’est ce qu’on peut lire sur les banderoles qui trônent depuis plusieurs mois dans l’enceinte de l’hôpital Saint-Antoine. Diane Labreut, infirmière de l’hôpital Saint-Antoine, explique les raisons de ce mouvement : « Nous sommes le premier service à être entré en grève le 18 mars, suite à de multiples agressions qui ont eu lieu envers le personnel soignant de la part de patients ou d’accompagnants. Ces agressions, on peut dire que c’est un peu la goutte d’eau qui a fait déborder un vase qui était bien trop plein. Donc, nous avons décidé de lancer la grève. Ce que nous voulons actuellement, c’est une reconnaissance de la spécificité du travail aux urgences. Les urgences sont engorgées parce que nous manquons de lits d’aval. Les gens restent couchés sur des brancards. Et c’est juste inhumain en fait. » (…)
Les conditions de travail se dégradent
Et les conditions de travail se dégradent depuis longtemps. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est l’agression en mars d’une aide-soignante par un patient. Une violence devenue quotidienne, selon Cathy Le Gac, du syndicat Sud-Santé de l’hôpital : « Ce n’est pas le sens de notre métier quand on est infirmière ou aide-soignante, se faire taper dessus ou de se faire cracher dessus. On se sent blessé soi-même dans le don qu’on a fait aux soins à l’autre. »
Conséquence : un ras-le-bol sans précédent du personnel soignant des hôpitaux de France. Pour Yann Flecher, infirmier syndicaliste à l’hôpital Lariboisière, la grogne n’a jamais été aussi forte : « On n’en est jamais arrivé là à ce que des personnels paramédicaux se mettent en arrêt maladie spontanément de cette manière. Autant de personnel d’un coup, je n’ai jamais vu ça. » (…)