La chute du niveau en maths, un drame scolaire et économique (MàJ : baisse du nombre d’élèves en spécialité maths en terminale en 2021) (20/12/2021)

Publié par Guy Jovelin le 20 décembre 2021

20/12/2021

Selon une étude du ministère de l’Education nationale, à la rentrée 2021, 37,5 % des élèves de terminale ont choisi la spécialité maths, contre 41,2 % en 2020. Une baisse due à la difficulté du programme, à l’autocensure des élèves et à leur moindre information sur l’orientation depuis le début de la crise sanitaire. Une baisse qui interroge aussi les responsables de classes prépas économiques et commerciales, comme ceux des écoles de management et d’ingénieurs. Le nouveau bac prévoit en effet que les élèves choisissent trois spécialités en 1re et qu’ils en abandonnent une en terminale au profit des deux autres.

Or, c’est la spécialité maths qu’ils délaissent le plus. Et les filles sont plus nombreuses à avoir lâché la discipline que les garçons, ainsi que les élèves issus de catégories sociales plus défavorisées. En cause : le programme, réputé plus dur que celui qui était suivi dans (feue) la filière S. Certains lycéens de 1re, rencontrant des difficultés, préfèrent ainsi abandonner la discipline en terminale de peur qu’elle ne les pénalise pour l’obtention du bac. « Certains ont en effet le réflexe de garder les deux spécialités dans lequel ils surperforment, et ce n’est pas toujours les maths », reconnaît Pierre Mathiot, l’inspirateur de la réforme du bac.

Mais selon lui, ce n’est pas l’unique raison du délaissement des maths en terminale : « Certains lycéens ont peut-être gardé l’option maths complémentaires, car leur projet d’orientation ne nécessitait pas qu’ils fassent des maths de façon approfondie ». […]

Et ce moindre succès des maths au lycée commence à avoir des conséquences. Selon les professeurs de classes préparatoires économiques et commerciales, le nombre d’élèves a chuté de 9 % en un an ( selon une étude qui porte sur 120 établissements adhérents de l’APHEC). « Les prépas les plus touchées sont celles qui sont situées en périphéries des villes ou dans des villes moyennes. Et nous craignons que cela ne s’aggrave l’an prochain. D’ailleurs, quatre classes préparatoires (Rodin à Paris, Montgazon à Angers, Camille Vernet à Valence et Dumont d’Urville à Toulon) vont vraisemblablement fermer leurs portes à la rentrée 2022 », souligne-t-elle. Concernant les classes prépas scientifiques, aucune donnée n’est disponible concernant les inscriptions en 2021.

Si cette diminution de matheux en terminale s’accentue ces prochaines années, elle pourrait par ricochet « entraîner à terme une baisse du vivier de candidats pour les écoles d’ingénieurs et de management », souligne Delphine Manceau. « Or, la France a besoin de former 50.000 ingénieurs par an. Et actuellement, nous en sommes à 43.000 », ajoute Emmanuel Perrin. […] L’association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales demande un moratoire pour éviter la fermeture prochaine de classes prépas. […]

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13/12/2021

Selon une association de professeurs, les effectifs en classe préparatoire commerciale ont plongé l’année dernière. C’est la conséquence de l’hémorragie des élèves en mathématiques au lycée. Une véritable catastrophe scolaire qui aura des répercussions sur l’économie pour l’éditorialiste Nicolas Bouzou.

Alors qu’elles sont la voie royale vers des écoles prestigieuses comme HEC ou l’Essec, les classes préparatoires économiques et commerciales ont perdu 9% de leurs effectifs l’an passé selon l’association des professeurs de la filière. C’est très inquiétant, si l’on comprend les causes de cette baisse et cela devrait même faire l’objet d’une vraie prise de conscience politique.

Que les effectifs en classe prépa diminuent en soi, ce n’est pas forcément un drame. Mais si on regarde pourquoi ça baisse, on se rend compte que c’est lié au tarissement du nombre d’élèves qui étudient les mathématiques au lycée, conséquence directe de la réforme du baccalauréat qui a abouti à une diminution du nombre d’élèves formés en mathématiques. Les maths étant sortis du tronc commun, il y a des élèves qui arrêtent les maths en seconde.

L’effet est doublement négatif. On a à la fois de moins en moins d’élèves en mathématiques, mais on a également une diminution du niveau des élèves en mathématiques. Et là, les chiffres sont absolument catastrophiques. Dans le dernier classement Timms, le classement international qui mesure les performances des élèves de quatrième et de CM1, la France arrive en dernière position de tous les pays de l’Union européenne en CM1 et en avant dernière position pour le niveau des élèves de quatrième, juste devant la Roumanie. […]

Cette raréfaction des talents en mathématiques est un drame absolu, parce que l’on est au cœur de la troisième révolution industrielle, celle du numérique, de la robotique, de l’intelligence artificielle… Ce que l’on veut en France, c’est essayer de produire des innovations dans ces secteurs. D’ailleurs, c’est tout l’objet du programme France 2030 qui a été présenté il y a quelques semaines par le président de la République.

Le problème, c’est qu’on ne peut pas produire des innovations radicales sans avoir des scientifiques. On ne peut pas être bon dans le domaine de l’innovation si on n’a pas des gens qui sont très bien formés en mathématiques. Cela a été le cas en France il y a quelques années, mais ça ne l’est plus aujourd’hui. Il faut malheureusement regarder la réalité en face.

La réalité, c’est que la France est devenue un pays sous-développé en mathématiques et que cela pourrait se traduire par une économie elle-même sous-développée. La baisse du niveau en maths est aggravée par les écarts de dotation entre l’université et les classes préparatoires. La diminution des budgets dans l’enseignement supérieur, qui est catastrophique en France, a abouti à une dégradation du niveau de nos universités, y compris en sciences.

Europe 1

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