La direction de BFMTV a lancé une enquête interne pour comprendre l’origine de contenus diffusés par la chaîne dans des circonstances troubles. Au moins l’un porte sur le Maroc, a appris POLITICO de multiples sources internes. Une dizaine de contenus suspects ont été identifiés. Selon une source au fait de l’enquête, la direction s’interrogerait aussi sur l’influence d’autres Etats.
Plus précisément, des images et propos n’ayant pas suivi les circuits de validation habituels ont été diffusés pendant l’émission Le journal de la nuit, un journal télévisé diffusé à partir de minuit, laissant soupçonner une ou plusieurs opérations d’influence dont l’origine n’a pas été officiellement identifiée, selon une dizaine de sources internes informées de l’audit. Des auditions ont notamment été lancées auprès des collègues du présentateur Rachid M’Barki, qui n’est plus apparu à l’antenne depuis la mi-janvier.
“Une enquête interne a été ouverte il y a deux semaines suite à des informations reçues concernant un journaliste de notre chaîne”, a confirmé auprès de POLITICO Hervé Beroud, directeur général délégué d’Altice média, la maison mère de BFMTV. “Ce journaliste est en dispense d’activité depuis le début de cette enquête et pour tout le temps de cette enquête. BFM est probablement victime dans cette affaire et nous ne pouvons tolérer aucune suspicion sur le travail de l’ensemble de notre rédaction et de nos 300 journalistes”, a-t-il déclaré.
[…]Plusieurs membres de la rédaction ont en tête la diffusion d’un reportage présenté par Rachid M’Barki, à propos du forum économique de Dakhla, une ville du sud du Maroc où se sont réunis des investisseurs espagnols en juin 2022.
Sur fond d’images promotionnelles de l’événement, le présentateur y fait référence au “réchauffement des relations diplomatiques” entre l’Espagne et le Maroc, facilité, dit-il, par la “reconnaissance espagnole du Sahara marocain”. Une expression inhabituelle dans les médias français pour faire référence à la situation du Sahara occidental, au cœur d’une grave crise diplomatique entre le Maroc et l’Algérie. Le Maroc fait pression sur la France pour qu’elle sorte de la position de neutralité qu’elle a jusqu’ici préféré adopter sur la question.
En juillet 2019, Rachid M’Barki, invité à une célébration du 20e anniversaire de l’accession au trône du roi du Maroc, parlait de ses liens avec le pays dans un entretien vidéo mis en ligne par le média marocain Le 360, considéré comme proche du pouvoir.
Interrogé sur sa participation à un rapprochement “à travers des ONG” entre la France et le Maroc, le journaliste affirmait vouloir “rester très discret là-dessus”, ajoutant : “J’essaye d’agir à ma manière à mon petit niveau pour faire briller le Maroc.”
Il était alors déjà présentateur à BFMTV et un visage familier de l’antenne.
[…]