À ceux qui me reprochent de me répéter, je dirai que ce n’est pas moi qui me répète, c’est l’histoire et surtout l’actualité qui bégaie.
Ainsi, la coalition des volontaires qui s’est réunie à Paris ce 5 septembre parle d’un nouveau « paquet de sanctions » contre la Russie pour le cas où cette dernière ne se soumettrait pas aux injonctions du mari de Brizitte.
D’autres ont essayé de soumettre la Russie. Le moins qu’on puisse dire est qu’ils ont eu des problèmes mais l’un des effets de certaines substances est une sensation d’invincibilité. Ainsi, il suffit de renifler d’un peu trop près certaines poudres, et vous vous sentez plus fort que Napoléon et Hitler.
Donc, pour nous résumer, nous en étions restés à la promesse de la « coalition des volontaires » d’envoyer des forces armées en Ukraine après la signature d’un accord de paix. Nous avions rappelé que pour signer il faut être deux et que la Russie ne signera pas d’accord de paix à n’importe quelles conditions et que – encore une fois le moins qu’on puisse dire – nous sommes loin, très loin d’un accord. Mais la « coalition des volontaires » a de quoi contraindre la Russie. Elle va adopter des sanctions. La mesure s’étant révélée jusqu’ici d’une efficacité telle qu’il n’y a pas de raisons d’en changer. Ce qui n’a pas marché au bout de 18 tentatives n’a pas de raisons de ne pas marcher au bout de 19.
Pourtant, lorsqu’on parle de « sanctions » sait-on vraiment de quoi on parle ?
Mon dictionnaire me dit qu’il s’agit de « mesures punitives ». Synonyme : « Peine ». Or pour prononcer une telle mesure, encore faut-il en avoir la compétence et/ou l’autorité. Pour autant que je sache, aucune autorité en ayant la compétence n’a prononcé de sanctions de quelque nature que ce soit contre la Russie. Donc appeler « sanction » les mesures prises par un groupe d’État est inapproprié voire abusif. Il ne s’agit en réalité de rien d’autre que de représailles contre un État qui empêche ce groupe d’États de conduire ses projets géopolitiques. Nous ne porterons aucun jugement moral sur ce dernier point, mais c’est bien de le savoir. Il est également utile de savoir que les mêmes États qui imposent ces mesures y dérogent dans certains domaines. Ainsi, les États-Unis, pourtant à l’initiative de ces sanctions, continuent d’importer entre autre des engrais et de l’uranium enrichi d’origine russe au motif que ce sont des denrées vitales pour le pays. Il ne nous appartient pas ici de nous demander pourquoi la Russie n’utilise pas la privation de ces denrées comme levier stratégique.
Nous avons donc bien compris que les « sanctions » sont juste un élément de pure dialectique pour faire du chantage à qui renâclerait à se laisser imposer la pax americana.
Car il s’agit bien d’un chantage. Les prétendues sanctions ne sont rien d’autre que la prise en otage de toute une population. Et tant pis si ça ne marche pas. Tant pis pour les centaines de milliers de morts privés de médicaments et de vivres en Irak. Tant pis pour la misère liée à l’embargo à Cuba. Or ni Castro ni Saddam Hussein n’ont été soumis par des sanctions.
Donc croire, comme le font Macron et sa clique de prétendus volontaires, que des prétendues sanctions ajoutées aux prétendues sanctions vont changer quoi que ce soit aux événements. Faute de temps et de place nous ne discuterons pas ici des effets des sanctions en Russie, mais il faut tout de même savoir qu’il est bon an mal an possible, au moins à Moscou, de se procurer à peu près tout. En effet, lorsqu’on parle de sanctions, on ne peut faire l’impasse sur le détournement desdites sanctions. Il se murmure que l’École des hautes études en sciences économiques de Moscou aurait un projet de cursus d’étude qui intègrerait la manière de continuer de faire des affaires en dépit des sanctions. En d’autres termes, comment détourner les sanctions.
Mais la coalition des prétendus volontaires a plus d’un tour dans son sac.
Ainsi, il a été décidé d’appliquer ce que Jupiter a appelé lors de sa conférence de presse, des « sanctions secondaires ». Il s’agit d’appliquer des représailles à ceux qui, n’ayant pas cessé tout commerce avec la Russie, revendent des biens d’origine russes à ceux qui, contraints ou non, appliquent les représailles de l’Union américano-européenne. Là, il faut qu’on m’explique.
En effet, si lorsque la Russie s’est émue de ce que l’Ukraine ou d’autres pays envisageaient d’adhérer à l’OTAN, on lui a fait remarquer que tout pays souverain est libre de contracter un traité d’adhésion avec qui bon lui semble. On pourrait donc rétorquer que tout pays souverain est loisible de passer des contrats commerciaux avec qui lui semble bon. Mais là, tout d’un coup, la morale, voire la raison du plus fort est toujours la meilleure.
Rien n’a changé depuis La Fontaine.
Jacques Frantz
Source : medias-presse.info