Par Nicolas Faure, spécialiste de l’Allemagne et traducteur ♦ Vue de France, l’Allemagne est soit un démon qui nous vole notre électricité, soit un modèle pour son développement industriel et sa formation professionnelle. La réalité est autre : l’Allemagne – comme la France et les autres pays d’Europe – subit les effets délétères d’une idéologie de déconstruction. Longtemps performant, le modèle de formation allemand est lui aussi entré en crise. Nos lecteurs trouveront ici un entretien avec Götz Frömming, professeur de lycée, ancien membre des Freien Whälern (Les citoyens libres), aujourd’hui député AfD au Bundestag. L’entretien a été réalisé est traduit par Nicolas Faure, professeur d’allemand dans le sud de la France (à ne pas confondre avec son homonyme Nicolas Faure d’I-Média et Sunrise !).
En Allemagne, on assiste depuis de nombreuses années à une véritable frénésie de l’académisation : la tendance est à l’université de masse. Le taux d’accès aux études a atteint près de 50 %.
Si de plus en plus de gens font des études, il est évident que les études et les formations sont de moins en moins valorisées. On le constate dans des pays comme l’Espagne, l’Italie, mais aussi la Russie : là-bas, tout le monde étudie. Même en Allemagne, le métier d’enseignant n’attire plus. Notamment en raison des conditions de travail.
Après avoir comparé les résultats des élèves à différents tests de compétences en mathématiques et en sciences au niveau international et régional, une étude récente menée par des chercheurs de l’Université de Stanford a révélé que près d’un quart des élèves des écoles allemandes ne possèdent pas les compétences scolaires de base. En comparaison internationale, l’Allemagne se situe ainsi loin derrière la Chine, l’Estonie ou le Canada, à la 30e place.
Götz Frömming, député au Bundestag et chargé de l’enseignement et de la formation en Allemagne répond ici à nos questions en matière d’éducation et de formation.
Nicolas Faure : Quelle est votre position par rapport à ce que l’on appelle l’idéologie du genre ? Celle-ci a-t-elle sa place dans l’enseignement allemand ?
Götz Frömming : Je considère l’idéologie du genre comme une dangereuse hérésie. En tant qu’adultes, nous sourions peut-être lorsque les adeptes de cette idéologie propagent l’idée qu’il n’y a pas de sexe biologique et que l’on peut choisir son propre sexe, mais pour le développement de nos enfants, cette pseudo-science est un pur poison. Dans nos écoles, il devrait être interdit de propager cette croyance aberrante.
Nicolas Faure : L’enseignement de l’islam a-t-il sa place dans les écoles allemandes ?
Götz Frömming : Il est judicieux de s’intéresser aux grandes religions du monde dans le cadre de l’éducation. Dans ce sens, l’islam peut faire l’objet d’un enseignement. Tout ce qui dépasse ce cadre, par exemple une matière spécifique sur l’islam inspirée de l’enseignement religieux protestant ou catholique, doit être rejeté.
Nicolas Faure : La formation professionnelle doit-elle être renforcée ? Dans quelle mesure ?
Götz Frömming : Le fait de viser des taux de réussite au baccalauréat toujours plus élevés met en péril les jeunes dans les métiers de l’apprentissage. En conséquence, de nombreuses places d’apprentissage restent vacantes par manque de candidats qualifiés. Parallèlement, on observe des taux d’abandon élevés dans les études, ce qui pénalise les entreprises qui forment des apprentis. Il est donc important de consolider les concepts d’orientation professionnelle existants et d’intégrer très tôt des mesures en la matière dans le cursus scolaire. Pour renforcer la formation professionnelle, il faut en faire à long terme une alternative réellement attractive à la formation dite académique. Pour cela, il est nécessaire de réformer en profondeur la loi sur la valorisation de la formation professionnelle. Il convient également de permettre l’accès à la carrière diplômante à partir de cette formation professionnelle.
Nicolas Faure : Selon vous, éducation et immigration peuvent-elles se concilier ?
Götz Frömming : Si la question vise à savoir si l’immigration de masse vers l’Allemagne et d’autres pays industrialisés d’Europe occidentale, qui n’a pas été bien gérée jusqu’à présent, a amélioré le niveau d’éducation dans ces pays, la réponse est non. Au cours des dix dernières années, on a assisté à une baisse continue des résultats dans les écoles primaires allemandes. Dans le même temps, le pourcentage d’élèves issus de l’immigration – principalement de pays d’influence arabo-islamique – a augmenté de 50 pour cent. L’aptitude et la volonté de s’instruire doivent donc être promues au rang de critère si l’on ne veut pas que l’éducation et l’immigration deviennent antinomiques.
Le système éducatif allemand est déjà surchargé hors immigration et ne peut plus remplir pleinement sa mission éducative depuis des années.
Propos recueillis et traduits de l’allemand par Nicolas Faure
10/02/2023