
J’ai regardé attentivement pour vous la conférence de presse des présidents Macron et Zelensky suite à la réunion de la coalition des volontaires organisée le 4 septembre à Paris.
Je ne voudrais pas avoir l’air d’enfoncer des portes ouvertes, mais quand certains rabâchent des mensonges et des âneries pour qu’elles deviennent des vérités, il convient de répéter la vérité afin que leurs inepties demeurent des mensonges.
Ainsi, Emmanuel Macron nous dit :
« Le camp de la paix est à Washington, Kiev, et dans toutes les capitales d’Europe et chez tous les alliés de cette coalition des volontaires ».
Il est bon de voir que Macron valide la nouvelle posture de Washington qui a considérablement évolué depuis l’arrivée de Donald Trump, il y a moins d’un an, à la Maison Blanche.
Il y a encore moins d’un an en effet, les contacts entre les États-Unis et la Russie étaient rompus. Entre février 2022 et janvier 2025, pratiquement aucun contact entre la Russie et les États-Unis au niveau ministériel n’a eu lieu. Pire, quand le « camp de la paix » s’est réuni à Bürgenstock en Suisse en juin 2024, la Russie n’avait même pas été conviée. Et moi qui croyais naïvement que pour faire la paix il fallait être deux.
Ce que Macron oublie dans sa dialectique orwellienne, c’est que précisément le fameux « camp de la paix » n’a eu de cesse que de jeter de l’huile sur le feu de ce conflit. Ainsi, personne n’a oublié que le Premier ministre britannique Boris Johnson fit tout pour faire capoter l’accord de paix négocié à Istanbul en avril 2022 et sur le point d’être signé par Moscou et Kiev.
Combien de malheurs auraient pu être évités si une puissance étrangère n’était pas venue faire du sabotage dans un conflit qui, à l’évidence, ne la regardait pas ? Combien de malheur et combien de territoires perdus pour l’Ukraine aurait été évités.
Il faut également revenir sur le terme de « guerre d’agression ».
Ce sont les États européens et américains qui ont agressé l’Ukraine en répandant le ferment de la déstabilisation en 2014. La Russie n’a fait que réagir notamment pour protéger des populations agressées, ayant ainsi le droit international de son côté. J’ajoute que c’est « le camp de la paix », toujours lui, qui a saboté les Accords de Minsk, avouant toute honte bue qu’il s’agissait d’une manœuvre dilatoire. On notera au passage que c’est aujourd’hui Macron qui accuse la Russie de manœuvres dilatoires. Pardon encore une fois de répéter des choses que le lecteur éclairé sait déjà, mais la pratique de l’inversion accusatoire par les gouvernements occidentaux nous y contraint.
Macron a raison de rappeler que les faits sont têtus car la Russie n’a eu de cesse de chercher des solutions pour éviter le conflit, rendu inévitable par l’intransigeance des occidentaux et notamment des États-Unis. Il eût suffi à l’époque de garanties solides de non adhésion de l’Ukraine à l’OTAN (ce qui aujourd’hui n’est plus guère d’actualité) et de protections efficaces des populations du Donbass pour que Moscou renonce à son intervention.
Ensuite, je ne sais pas si c’est l’effet des substances, mais Macron devrait tout de même faire un peu attention.
Car si l’armée russe avait effectivement perdu 1 million d’hommes pour conquérir 1% du territoire, on se demande bien comment elle ferait pour avancer comme elle avance aujourd’hui.
Personne hélas ne peut contester qu’il y a eu trop de pertes de part et d’autre, mais il me semble qu’à ce niveau-là de l’État, un minimum de mesure s’impose. Bon il est vrai que la conférence ce de presse réunissait exclusivement des journalistes amis, mais tout de même…
Enfin, et pour conclure, on notera que la réunion de Paris n’a abouti strictement à rien.
Car il est bien beau de statuer sur ce que l’on va faire après le cessez-le-feu, mais faudrait-il qu’il y ait un cessez-le-feu. Or le feu ne pourra cesser qu’aux conditions de celui qui a l’avantage sur le terrain.
Et sur le terrain, c’est la Russie qui a l’avantage.
De surcroît, sans vouloir faire de peine à personne, je doute qu’une coalition composée entre autre, de la Belgique, du Luxembourg ou de la Nouvelle-Zélande soit suffisante pour faire peur à Poutine.
Je m’en voudrais de ne pas aborder brièvement la question de savoir ce qu’il convient de faire si Vladimir Poutine n’obtempère pas devant les injonctions des charlots. Ils ont prévu de nouvelles sanctions. C’est vrai que ça a tellement bien marché jusque-là qu’il serait dommage de ne pas appliquer une formule aussi fructueuse.
De la même manière qu’on s’évertue à appliquer des solutions qui ne marchent jamais, on ne change pas une équipe qui perd.
Jacques Frantz
Source : medias-presse.info