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rectorat de nancy-metz

  • Comment le rectorat de Nancy-Metz accompagne un lycée confronté à des élèves en abaya : « Nous ne sommes pas une police de la laïcité »

    Publié par Guy de Laferrière le 11 décembre 2022

    « Le Monde » a pu suivre une équipe « valeurs de la République » lors d’une intervention dans un établissement lorrain. Au programme : rappel du droit et pédagogie face à une équipe éducative pleine d’interrogations.

    (…) Ce lycée (qui souhaite rester anonyme pour ne pas focaliser l’attention) n’est pas le seul dans cette situation. L’éducation nationale constate depuis le printemps une recrudescence des atteintes à la laïcité – 1 386 au premier trimestre de l’année scolaire 2022-2023, contre 614 sur la même période l’année précédente, pour 12 millions d’élèves –, singulièrement sur le port de tenues manifestant une appartenance religieuse. Dans l’académie de Nancy-Metz, ces signalements ont été multipliés par quatre en un an.

    (…) « Il y a toujours eu des élèves qui portaient le voile à l’extérieur du lycée. C’est leur plein droit et c’est à peine si on le savait. Aujourd’hui, quelques lycéennes jouent au chat et à la souris avec nous. Elles cherchent à trouver une faille, un subterfuge pour se couvrir la tête d’une autre manière au sein de l’établissement. Elles portent par ailleurs assez régulièrement une jupe longue », détaille Marie (les prénoms des membres de l’équipe enseignante ont été modifiés), l’une des CPE.

    (…) Pour cette équipe « valeurs de la République »,ces consignes clairesne sont pas si simples à transmettre. « Comment définir une abaya ? Vous n’allez pas sortir votre mètre ruban au début de chaque journée pour dire que tel crop top montre trop de peau et telle jupe longue pas assez. C’est pourquoi c’est l’intention de l’élève qui doit vous guider », précise Jean-Baptiste Ribon, sans éluder la question de l’égalité filles-garçons en ce domaine. Aline, l’une des deux CPE, le lui fait remarquer : « Nous sommes encore dans la situation de dire aux filles comment elles doivent s’habiller. »

    (…) « Nous ne sommes pas une police de la laïcité », argumente Jean-Baptiste Ribon. « Nous devons expliquer encore et toujours à nos élèves pourquoi l’école républicaine est laïque, comment ce principe lui permet d’être un lieu d’émancipation qui aide à s’affranchir de tous les déterminismes extérieurs pour faire des élèves des citoyens éclairés », développe-t-il. Un idéalisme qui ne convainc pas tous les participants mais vient reposer le débat sur les finalités de l’école. Si la Journée de la laïcité à l’école du 9 décembre « arrive trop tôt » par rapport à leur réflexion, direction et enseignants veulent engager des actions de long terme pour rediscuter de la laïcité avec l’ensemble de leurs élèves, sous l’œil de ces référents « valeurs de la République » qui « restent en appui ».

    Le Monde via fdesouche