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statégie inopérante

  • « À ces soldats sans armes… »

    Publié par Guy Jovelin le 24 mars 2020

    Par Christian Vanneste.

    « Nous sommes en guerre… » L’anaphore martiale de M. Macron lors de sa seconde allocution avait pour but de revêtir la tenue dans laquelle le Chef de l’Etat prend toute sa dimension, l’armure du Chef de guerre. L’ennemi est là, il faut se mobiliser, se regrouper au nom de l’union sacrée, faire preuve de discipline, et le généralissime de doter ses troupes des moyens de gagner la bataille ! La communication a produit son effet : un sondage montre une progression de 13 points d’opinions favorables permettant au président de franchir la barre des 50%

    christian vanneste.jpgMalheureusement, l’histoire de France a tendance à bégayer : du « il ne manque pas un bouton de guêtre » du Maréchal Le Boeuf en 1870 à « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts » de Paul Reynaud en 1940, ces discours ont conduit au désastre parce qu’ils cachaient une grande impréparation. C’est le cas, une fois de plus. Le réveil au clairon, tardif, dissimule trois fautes majeures de nos gouvernants : défaut d’anticipation, pénurie de moyens, stratégie inopérante.

    Commençons par la dernière : le confinement est le principe de la stratégie. Peut-il endiguer le mal définitivement ? Evidemment non ! Il faudra bien l’arrêter un jour après des conséquences économiques calamiteuses, et le mal resurgira, d’autant plus que la règle n’aura pas été suivie par tous. En fait, le confinement, c’est notre ligne Maginot. Cela peut bloquer l’ennemi, le ralentir, mais cela ne peut le vaincre. Il est destiné à retarder au maximum la propagation du virus, le temps que les pénuries et les erreurs commises soient réparées. C’est un cache-misère ! La fermeture des frontières en amont, la généralisation de l’usage des masques, des gants, du gel hydroalcoolique, le dépistage massif et systématique des personnes contaminées dans la population, et l’emploi rapide de la chloroquine dans les traitements, comme le préconise le professeur Raoult, auraient composé une stratégie efficace dont la France n’avait ni les moyens matériels, ni la volonté politique. Des pays asiatiques comme la Corée du sud, ou européens, comme l’Allemagne, ont été plus réactifs et étaient mieux pourvus que nous.

    Car, une fois encore, le « Mal français », indéracinable, semble-t-il, celui-là, apparaît dans toute sa splendeur : un pays suradministré, bardé d’organismes de planification, d’évaluation et de contrôle, dont l’organisation est chamboulée en permanence par un prurit de réformes, se révèle incapable de prévoir les crises parce qu’il ne tire aucun enseignement des erreurs passées. En 2016, Mme Touraine, suivant un des dogmes qui règnent dans les écoles d’administration, selon lequel, plus c’est gros, mieux ça marche, et moins ça coûte, a réuni quatre établissements dans l’Agence « Santé Publique France ». Auparavant, c’était l’EPRUS qui gérait la réserve sanitaire, et l’Institut de Veille Sanitaire qui anticipait les risques. Le premier était notamment chargé de maintenir les stocks. Malgré, ou peut-être à cause de la présence d’autres organismes destinés à l’évaluation des risques, ou à la sécurité des produits, le nouveau diplodocus administratif, son conseil scientifique, et ses dix directions, ont poursuivi et accéléré l’inflexion initiée en 2011 : il ne fallait plus conserver inutilement le milliard de masques chirurgicaux et les 700 millions de FFP2, mais réserver des options d’achat, notamment… en Chine. Le flux devait l’emporter sur le stock, l’économie souple sur la précaution jugée superflue. Le tout était enrobé par une trouvaille rhétorique : il fallait distinguer les stocks stratégiques, et les stocks tactiques. Le Haut Conseil de Santé Publique préconisait de réserver les FFP2 aux personnels de santé, mais en excluant les pharmaciens, les ambulanciers et… les chirurgiens-dentistes ! Par ailleurs, subsidiarité oblige, le renouvellement des FFP2 devait incomber aux établissements hospitaliers, et non plus à l’Etat. C’est ce qui explique que celui-ci se trouva « fort dépourvu, lorsque la bise fut venue » : 150 millions de masques chirurgicaux et une indigence chronique pour les FFP2. Il restait quatre entreprises françaises qui commençaient à livrer aux clients étrangers, par exemple Valmy au NHS britannique, lorsque la commande nationale arriva. Mme Buzyn préféra dire que les masques étaient inutiles. En fait, il n’y en avait pas, avec l’énorme danger de voir le personnel médical, le plus exposé, subir une hécatombe ! Même incurie pour les tests et, pour les réticences à soigner par la chloroquine, il semble qu’une guerre souterraine entre l’INSERM et le CNRS, d’une part et l’IUH de Marseille de l’autre, ait entraîné une disqualification du produit alors que celui-ci obtient des résultats positifs.

    La mobilisation après le 15 Mars, alors que le péril est connu depuis début janvier, est une faute lourde qui sera la cause d’un grand nombre de morts et d’une nouvelle défaillance économique dans un pays déjà en grande difficulté. Alors, le pouvoir peut bien comme le précédent pour le terrorisme, tirer quelque profit sondagier fugace, de la catastrophe, il faudra qu’il rende des comptes, lui qui a menti et tergiversé. Ses prédécesseurs, aussi, qui ont accumulé les fautes. Pour le moment, trois médecins, ont, par le biais de leur avocat, Me Fabrice Di Vizio, déposé une plainte contre Edouard Philippe et Agnès Buzyn…

     

    Source : lafautearousseau