Publié par Guy Jovelin le 18 août 2019
Ce matin, une dépêche de l’AFP a fait rugir de plaisir les rédactions vides de nos chers médias. Selon l’INSEE, le chômage a reculé en France au cours du second trimestre de l’année. Un recul des plus modestes puisqu’il n’est que de 0,2 point, mais l’essentiel est ailleurs, car le chiffre sur lequel toute la communication doit se faire est le taux de chômage de 8,5 % désormais. Un chiffre à manipuler avec des pincettes comme toujours, mais dont le seul avertissement visible est qu’il n’englobe pas les statistiques de Mayotte. Pourquoi donc se lester d’un poids quand on peut faire dire ce qu’on veut aux chiffres ?
La stratégie des petits pas
Faute peut-être à des journalistes partis en vacances depuis longtemps, les articles consacrés à la bonne nouvelle du jour ne tentent en rien de comprendre les raisons de cette décrue. C’est dommage, car le Gouvernement n’attend qu’une chose : la célébration de sa politique. Si le chômage baisse, c’est parce que les mesures imprimées par l’équipe Macron depuis deux ans portent leurs fruits ! Une logique qui sera certainement imposée à le rentrée, mais en attendant, il est possible de faire entendre un autre son de cloche.
Tout d’abord, 0,2 point en moins ne représente 66 000 chômeurs. Un chiffre à lisser sur trois mois, soit 22 000 chômeurs en moins chaque mois. C’est impressionnant par rapport aux résultats passées, mais cela reste une goutte d’eau dans l’océan de chômage et de précarité. De plus, aucun mot n’est dit sur le nombre de demandeurs d’emploi rayés des listes pour des raisons plus ou moins valables. Aucun mot non plus sur les différentes catégories qui permettent des manipulations de masse. De la catégorie A à la B, il y a un univers statistique qui permet au Gouvernement de se présenter sous un jour favorable.
Seul un « halo autour du chômage » est pudiquement évoqué afin de se protéger de toute critique de fond. En disant que ce « halo », c’est-à-dire toutes les personnes qui cherchent un travail mais qui ne sont pas comptabilisées dans les statistiques, est en augmentation, nos chers journalistes économiques pensent avoir fait le job. Un « halo » qui concernerait 1,5 million de personnes. Là encore, l’art de la litote est parfaitement maîtrisé par les statisticiens d’Etat.
Bref, il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser, mais la stratégie communicationnelle de Macronpourrait finir par fonctionner. En annonçant régulièrement des baisses mesurées mais continues du nombre de demandeurs d’emploi, la trajectoire qui se dessine est finalement positive. Il devient plus difficile aussi de contester la véracité des statistiques avec des sauts de puce qui permettront étrangement d’atteindre un taux de chômage à 7 % à la fin du quinquennat. Et voilà comment une promesse est réalisée grâce aux dieux de la statistique. A moins qu’une nouvelle crise d’envergure n’emporte tout ces jolis efforts de comm’ pour masquer la réalité d’un pays qui paye toujours la crise de 2009 et les erreurs du trio infernal Sarkozy-Hollande-Macron.
Source : 24heuresactu