Publié par Guy Jovelin le 20 mai 2021
- Des voies migratoires légales contribueraient à réduire les flux de migration irréguliers et saperaient les passeurs et les trafiquants
- Il faut s’attaquer aux pénuries sur le marché du travail européen et à la population vieillissante
- Créer un réservoir de talents européens pour mettre en correspondance les employeurs et les potentiels travailleurs
Un cadre de l’Union pour la migration légale encouragerait une migration plus ordonnée, attirerait les travailleurs nécessaires, saperait les passeurs et favoriserait l’intégration.
Dans un rapport adopté par 495 voix pour, 163 contre et 32 abstentions, le Parlement souligne que la migration légale n’est presque pas prise en compte dans la politique de l’Union en matière de migration depuis 2015. Il fait remarquer que le nouveau pacte sur la migration et l’asile ne comprend aucune proposition spécifique dans ce domaine.
“La politique de l’Union et les politiques nationales en matière de migration légale devraient d’abord répondre aux pénuries de main-d’œuvre et de compétences sur le marché du travail”, estiment les députés, soulignant le vieillissement de la population et la diminution de la main-d’œuvre. Ils demandent que la législation existante soit révisée et que son champ d’application soit élargi, étant donné qu’elle couvre aujourd’hui principalement les travailleurs hautement qualifiés ou très bien payés et les sociétés multinationales, avec seule la directive sur les travailleurs saisonniers visant les migrations moins bien rémunérées.
Le texte souligne le rôle important des envois de fonds et les avantages d’une migration sûre, régulière et ordonnée, tant pour les pays d’origine que pour les pays d’accueil. Reconnaissant le risque de la “fuite des cerveaux”, les députés proposent de promouvoir la migration circulaire, où le migrant retourne après un certain temps dans son pays d’origine et peut repartir pour des raisons professionnelles. À cette fin, la Commission devrait analyser l’approche appliquée par d’autres pays, comme les systèmes à points. Par ailleurs, ils proposent de permettre aux travailleurs étrangers de passer de plus longues périodes hors de leur pays d’accueil, afin qu’ils puissent se rendre plus facilement dans leur pays d’origine.
Une réserve de talents de l’UE pour les travailleurs des pays tiers
Afin de mieux répondre aux besoins ou aux pénuries de main-d’œuvre sur les marchés nationaux, les députés proposent de développer une réserve de talents ainsi qu’une plateforme de mise en correspondance au niveau de l’UE, couvrant tous les secteurs et niveaux d’emploi, qui servirait de guichet unique pour les travailleurs non européens, les employeurs de l’UE et les administrations nationales.
De plus, le rapport recommande de faciliter et d’accélérer l’évaluation et la reconnaissance des diplômes, certificats et autres qualifications professionnelles. Cela renforcerait la mobilité intracommunautaire, qui, à son tour, peut contribuer aux ajustements du marché du travail et à la croissance économique globale dans les États membres.
Citation
Pendant le débat en plénière mercredi après-midi, la rapporteure Sylvie Guillaume (S&D, FR) a déclaré: “Je veux envoyer un message positif sur la migration, en mettant l’accent sur ses effets positifs plutôt que de se perdre dans une rhétorique xénophobe. La migration est une réalité démographique, économique et humaine dont l’Europe a besoin au vu du vieillissement de sa population et des pénuries de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs clés. Nous devons garder à l’esprit qu’avoir moins de voies légales pour la migration entraîne davantage de voies illégales, et les seuls qui en profitent sont les passeurs.”