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En ce mois d’avril, rien ne changera, sauf que tout empirera

Publié par Guy de Laferrière le31 mars 2023

En ce mois d’avril, rien ne changera, sauf que tout empirera

D’Hilaire de Crémiers dans Politique Magazine :

[…] En ce mois d’avril, rien ne changera, sauf que tout empirera. Macron a été obligé, fin mars, de reporter la visite du roi Charles III. La presse anglo-saxonne se moque de la France ; la France est ridiculisée dans le monde entier. Les pays d’Europe ne valent guère mieux, mais il est vrai qu’avec Macron la France a décroché le pompon. Cette humiliation n’est qu’un début. Nul ne sait jusqu’où la dégradation peut aller. Pratiquement nous n’avons plus d’alliés véritables. Les jeux se font sans nous. Et quand il va en Chine faire l’important, il est accompagné comme un gamin par Ursula von der Leyen, son égérie et sa souveraine qui décide pour lui.

Alors, Macron parle pour exister. Et quand il parle, les journalistes – tels ceux qui l’ont interrogé à l’Élysée fin mars – doivent se taire : il impose sa parole, son débit saccadé, son regard halluciné. En paroles, il croit encore tout diriger. En réalité, tout se dérobe devant lui. Le président que les Français ont réélu comme chef de l’État, il y a bientôt un an, par un tour de passe-passe qui fut un habile escamotage de l’élection – mais la tromperie se paye un jour ou l’autre –, n’a plus de légitimité qu’institutionnelle et légale ; il a perdu toute légitimité de fond, historique, nationale, politique, encore plus intellectuelle et, pour tout dire d’un mot, spirituelle. Plus rien ne passe entre lui et la nation. Ce ne sont certes pas les pitreries parlementaires de la Nupes qui le déconsidèrent ; au contraire, elles le servent. C’est lui-même en tant que tel qu’une grande majorité, entre 70 et 80 %, des Français rejettent – et de plus en plus évidemment, comme son prédécesseur était rejeté à 90 %, qui lui n’était au vrai qu’une nouille !

Ce rejet est total et global, tant comme gouvernant que comme représentant du pays, car les Français n’apprécient ni sa politique ni sa direction, ni son idée même de chef de l’État, ni sa conception du commandement en général. Ils y sentent le contraire de toute la tradition : un homme qui joue et surjoue son rôle personnel. Les Français ne supportent plus tout simplement l’homme, tant dans sa manière d’être, ses comportements inadmissibles, que dans son arrogante prétention intellectuelle de mener le pays, de gré ou de force, dans un vaste plan de transformation qu’il a cogité avec ses équipes et présenté à ses affidés énamourés en forme de programme électoral pour être enregistré comme tel, alors que la majorité des électeurs n’y a jamais compris que pouic : un tas de réformes à tire-larigot, sous le prétexte ressassé de l’urgence : urgence de modernité, d’écologie, de démocratie, de climat, d’adaptation aux nécessités du monde globalisé. C’est si facile de créer l’urgence ! Mais rien de bon ne se fait sous le seul signe de l’urgence. Elle est même le signe avant-coureur de la catastrophe : telle l’urgence sanitaire, l’urgence sociale, l’urgence énergétique, l’urgence industrielle, l’urgence agricole et alimentaire, enfin l’urgence militaire que l’État est en train de concevoir puisque les menaces sont là maintenant. Tant d’urgences, jusque dans l’appareil d’État où plus rien ne fonctionne !

La France se meurt tous les jours

Voilà la France de Macron : un pays qui a été dépouillé de tout. Tout ! D’abord dépouillé de sa force industrielle à quelques exceptions près sur lesquelles il faut se méfier des interventions du pouvoir, tant ses conceptions sont destructrices : Montebourg devant la commission parlementaire a décrit cette ruine programmée ; il n’était pas le seul intervenant à dénoncer la triste série des abandons et des désastres ; et on apprend, du reste, que l’entreprise Velan-Segault qui fabrique les tuyauteries des sous-marins nucléaires passe sous pavillon américain, une de plus ! Puis dépouillé de sa puissance agricole et agro-alimentaire. La France jadis exportatrice, importe, sauf quelques domaines préservés. Enfin, dépouillé de sa richesse territoriale, patrimoniale, sur laquelle Macron a encore malheureusement des idées saugrenues qu’il veut institutionnaliser. La France profonde se meurt tous les jours : villes, villages, pays, provinces. Les systèmes étatiques sont eux-mêmes en capilotade.

Résultat de cette réussite sublime dans l’échec le plus complet : 3000 milliards de dettes, bientôt 120 % du PIB. Ratio qui monte à 230 % si le chiffre est rapporté aux recettes du Trésor. Déficit budgétaire prévu en 2023 : 159 milliards. Solde commercial en déficit de 53,5 milliards avec des échanges sur les biens qui accusent un déficit de 163,6 milliards, record de toutes les dégradations. Et, maintenant, les taux s’envolent, aggravant la charge d’intérêts de la dette publique qui pourrait atteindre des chiffres astronomiques, au-delà des plus gros postes du budget de la nation, rendant la crise financière inéluctable, d’autant plus que la dette est détenue en large partie par l’étranger. Il est des gens avisés, de quelque horizon que ce soit, qui crient « casse-cou » ; ils sont peu nombreux et tout le monde s’en fiche. Le Maire, Monsieur Assurance, sourit gentiment, pendant qu’Édouard Philippe, Monsieur Subtilité, et Gérald Darmanin, Monsieur Ordre Public, ses concurrents, ne pensent qu’à décrocher le fameux « pompon ». La République dans tous ses états.

 

Source : lesalonbeige

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