Publié par Guy de Laferrière le 09 décembre 2023
Abdalla Ibrahim, l’un des prévenus, un Franco-Syrien âgé de 55 ans, avait été embauché au Guichet unique de l’asile (GUDA) situé 66A, rue Saint-Sébastien, dans le VIe arrondissement de Marseille, en septembre 2019. Lors de son audience, il a reconnu avoir aidé des personnes issues de la communauté turque dans le cadre de leurs demandes d’asile : « On sait que je suis arrangeant et que je peux intervenir. » Le fonctionnaire a également affirmé : « J’ai touché 9.000 euros, soit en faisant quelque chose, soit en faisant croire que je faisais quelque chose. »
Abdalla Ibrahim, un agent arrangeant...
Il aurait arrangé plusieurs dossiers de manière à ce que leurs dépositaires puissent échapper à la procédure Dublin et faire leur demande en France. Le site service-public.fr détaille : « La demande d'asile que vous souhaitez déposer en France peut relever d'un autre État européen, en application du règlement dit Dublin III. Selon ce texte, la demande d'asile est examinée par un seul pays européen. Pour savoir quel pays est concerné, plusieurs critères sont appliqués. Si la France n'est pas responsable de votre demande, vous serez obligé de vous rendre dans le pays concerné. » Allez savoir pourquoi, les demandeurs d’asile préfèrent faire leurs démarches en France !
Pour permettre l’obtention de documents à des demandeurs d’asile, le fonctionnaire modifiait leur situation administrative. Il n'enregistrait pas leurs empreintes digitales sur Eurodac, la base de données biométriques européenne, ou faisait disparaître des informations de Visabio, le système national de visa dans lequel sont enregistrées les données biométriques des candidats (photographies, empreintes…).
Onze dossiers frauduleux auraient été découverts à ce jour, mais cela pourrait être bien plus. Le juge d’instruction a tenu à préciser : « Il s’agit d’une estimation basse, l’enquête administrative réalisée ayant révélé qu’au moins 10 % des dossiers traités par Abdalla Ibrahim présentaient une anomalie. » Certains posent particulièrement problème, comme celui d’un ami d’enfance du principal suspect, un Turc signalé par les autorités allemandes pour des activités liées au terrorisme.
...qui vous veut du bien
Le ver est plus que jamais dans le fruit. L’administration française emploie en son sein des agents qui courent à sa perte et à la perte de la France. Comment imaginer que des demandes de régularisation puissent être traitées par des personnes ayant des accointances avec des terroristes ? Bien évidemment, le prévenu n’a aucun remords. Il laisse même entendre que la France devrait le remercier : « Je parle quatre langues et la préfecture a gagné beaucoup d’argent en économisant sur le marché de l’interprétariat. »
Dans cette affaire, l’enquête menée par les policiers de la direction inte-régionale de la police judiciaire (DIPJ) de Marseille et de la police des frontières, suite à l’envoi d’une lettre de dénonciation le 2 juillet dernier, a permis la mise en examen de neuf personnes. Quatre d’entre elles, dont Abdalla Ibrahim, ont été écrouées.
En temps normal, il est déjà très difficile de renvoyer un étranger clandestin dans son pays lorsqu’il est sur le territoire français. Que dire avec un système corrompu ?
Source : bvoltaire