Publié par Guy Jovelin le 16 novembre 2020
Les noyades à Nantes sont un épisode de la Terreur qui a eu lieu entre novembre 1793 et février 1794 à Nantes. Des milliers de personnes, suspectes aux yeux de la République (prisonniers politiques, de guerre, de droit commun, gens d’Église…), ont été noyées dans la Loire sur ordre de Jean-Baptiste Carrier.
Et tout cela a commencé avec des prêtres pour “tester” le procédé ignoble d’exécution. C’était le 16 novembre 1793 :
Pour se faire la main, l’envoyé de Paris, chargé de mettre fin à la révolte vendéenne par tous les moyens, commence avec 90 prêtres réfractaires emprisonnés à Nantes. Il demande à son bras armé, l’adjudant général Guillaume Lamberty, et à ses hommes, la compagnie Marat, de les noyer dans la Loire, le « fleuve républicain » (…) Ces prêtres emprisonnés sont au nombre de 90. Pour certains, cela fait plusieurs mois qu’ils ont été arrêtés pour avoir refusé de prêter le serment de la constitution civile du clergé (…)
La veille, le 15 novembre, il a demandé au commandant chargé de la surveillance des prêtres de supprimer toute garde cette nuit-là afin qu’il n’y ait pas de témoins de la noyade. Il fait même preuve d’un machiavélisme admirable en faisant croire aux prisonniers qu’ils seront emmenés la nuit suivante au château de la Musse et leur recommande donc de déposer entre les mains du commandant tous leurs objets précieux qui leur seront rendus une fois arrivés dans leur nouvelle prison (…)
S’attendant à être transférés, les prêtres ne s’alarment pas outre mesure en les voyant arriver. Ils obéissent sagement quand on leur demande de monter deux par deux sur le pont. Ils sont fouillés, dépouillés des objets de valeur conservés sur eux. On leur demande même de retirer leurs vêtements et leurs chaussures. Ils sont alors liés à deux, puis jetés à l’intérieur de la gabare. Le transfert se fait dans le calme. Les prêtres ne se doutent pas du sort funeste qui les attend. Il n’y a que le curé de Machecoul qui s’inquiète en voyant sur le fond du bateau des pierres plates et blanches cachant des trous. Voyant de l’eau s’infiltrer, il conseille à ses voisins de se donner l’absolution l’un à l’autre. Ainsi font-ils (…)
L’eau envahit la cale, où les prêtres, commençant à se rendre compte qu’ils vont bientôt rencontrer le Créateur, se mettent à hurler de désespoir, à supplier pour qu’on leur porte secours (…) Bientôt, les cris s’évanouissent. Le calme est revenu sur la Loire (…)
La méthode de la « déportation verticale » a prouvé, malgré quelques imperfections, son efficacité. Jean-Baptiste Carrier décide de l’appliquer à grande échelle pour se débarrasser des milliers de Vendéens qui encombrent la prison de la ville. Entre les derniers jours de 1793 et février 1794, de 1 800 à 4 800 victimes disparaissent dans la Loire.