Publié par Guy Jovelin le 10 septembre 2021
Vivent les vacances, à bas les pénitences, les cahiers au feu, les maîtres au milieu. »
Voilà ce que les enfants chantaient jadis au mois de juin, à la veille de la libération du 14 juillet. Les vacances se prenaient alors du 14 juillet au 1er octobre.
Aujourd’hui, les vacances occupent les esprits tout au long de l’année et tous de chanter ce refrain : « Vivent les vacances, à bas les pénitences, les impôts au feu, le fisc au milieu. »
L’ennui, c’est que le fisc, continuant d’imposer les pénitences, ne prend pas de vacances. Tout au contraire, on dirait que, pendant les vacances, il redouble d’ardeur.
Toujours est-il que l’on est en vacances au mois d’août. C’est le mois sacré des vacances sacrées.
« Puis-je parler à votre directeur ?
– Non, Monsieur, il est en vacances.
– Alors passez-moi, s’il vous plaît, le sous-directeur.
– Il est en congé de paternité.
– Alors la secrétaire ?
– Non, Monsieur, elle aussi est en vacances. Elle est en congé de maternité … »
Je viens de rencontrer un brave fonctionnaire et je lui ai dit : « Ces temps-ci, que faites-vous ? » Il m’a répondu qu’il était en vacances. Un peu plus tard, je l’ai revu et lui ai reposé la même question.
Il m’a répondu qu’il était toujours en vacances. Je crois que ce fonctionnaire est en vacances perpétuelles. Une exception, direz-vous ? Pas du tout, ils sont très nombreux comme cela à être toujours en vacances.
J’ai demandé à l’un d’entre eux ce qu’il faisait en vacances. Il m’a répondu qu’il étudiait les prochaines vacances.
Je viens de rencontrer mes voisins. Ils rentrent de vacances.
« Avez-vous passé de bonnes vacances ?
– Ah oui, dans les Cévennes, chez un éleveur de moutons. C’était génial. On va y retourner. D’autant que maintenant il va faire de la chèvre. Génial, je vous dis ! »
En tout cas, au mois d’août, la France est fermée.
Elle est bouclée comme une boutique qui a baissé son rideau.
C’est le couvre-feu. Plus personne nulle part. Mais où sont-ils ?
« Ils sont à la plage, Monsieur.
– Mais que font-ils à la plage ?
– Ils vérifient qu’ils ont toujours 5 doigts au pied gauche. Ils lisent le journal et les promesses des politiciens, qui ne seront jamais tenues. Alors, rassurés, ils s’endorment. »
Parmi tous ces « travailleurs », j’en connais dont le programme quotidien est le suivant : arriver au travail à 9 h 30 ; salut aux collègues ; lavage des mains ; café ; lecture du journal ; discussion sur l’événement du jour ; cantine ; sieste bien assis au bureau ; téléphone aux amis, aux amies et à toute la famille ; départ. Un tel programme, aussi harassant, exige bien sûr de longues vacances de repos !
La vérité est qu’en France, on ne travaille pas assez.
Tout le monde le sait. L’économie, évidemment, s’en ressent, et aussi le pouvoir d’achat.
Si un responsable politique faisait en sorte que les Français travaillent davantage, il deviendrait impopulaire aussitôt.
Personne donc ne tentera l’aventure. D’ailleurs les syndicats sont là !
Les vacanciers n’ont donc rien à craindre. Ils peuvent continuer à dormir tranquillement en vacances, au bord de la mer, en montagne ou en plaine – aux côtés des chômeurs, eux en vacances forcées, et toujours aussi nombreux.