REPORTAGE – L’augmentation du nombre de migrants qui tentent de passer à la frontière avec l’Italie crée des tensions dans cette petite ville des Hautes-Alpes, entre habitants inquiets, associations hyperactives, squatteurs menaçants et policiers débordés.
(…) Sous la direction du commandant divisionnaire fonctionnel Jérôme Boni, les 48 policiers de la PAF de Montgenèvre n’ont pas une tâche facile, c’est un euphémisme. Outre les conditions météo, ils doivent faire face à un afflux massif et inédit de migrants. Depuis le début de l’année, 4600 majeurs et 1200 mineurs ont été contrôlés, 48 passeurs arrêtés. Certains jours, à la fin de l’été, ils arrivaient par centaines. Impossible de les appréhender tous. Les policiers estiment en interpeller 80 %. Mais ajoutent : « 100 % arrivent à passer ! » Comment expliquer cette équation ?
Les migrants bénéficient de soutiens de part et d’autre de la frontière. En faisant son footing un matin sur l’un des sentiers, l’un des policiers a ramassé un papier par terre sur lequel était inscrite l’adresse d’un refuge à Briançon. « Il a trouvé un véritable roadbook, se désole le maire de Briançon, Arnaud Murgia. On a face à nous des réseaux mafieux complexes. Ils vendent plus cher un séjour à Briançon avec une halte au refuge. C’est le Airbnb des passeurs ! »
(…) Le 30 août, les migrants se sont retrouvés à la rue au moment où la PAF comptait une centaine d’arrivées quotidiennes. Les habitants croisaient des petits groupes de 20 à 30 individus errant dans la ville. Les tentes ont commencé à fleurir sur un terrain prêté par la paroisse pendant quelques jours. Les tensions grandissaient. Les riverains se sont plaints, notamment, des nuisances sonores.
Selon des témoignages, des personnes âgées n’osaient plus sortir le soir et les femmes seules ne se sentaient plus en sécurité à la nuit tombée. D’autant que début août, des militants d’extrême gauche « No Borders » ont squatté une maison en plein centre- ville, en face du commissariat de police pour accueillir les « sans-abri ». Là aussi on refuse d’utiliser le terme de migrants ! Et on est très suspicieux envers ceux qui approchent du bâtiment, leur demandant avec insistance de montrer le contenu de l’appareil photo et du portable, pendant qu’une voiture immatriculée en Allemagne s’engouffre dans la propriété avec ses deux occupants…
L’inquiétude des parents
Le squat jouxte une école primaire et voisine avec deux autres établissements scolaires. De nombreux parents s’en sont inquiétés. Dans une petite ville comme Briançon (12.000 habitants), les rumeurs vont vite. À la Toussaint, certains se sont émus de la présence d’un fiché S parmi les squatteurs. D’autres ont eu peur de la possibilité qu’un des occupants possède un couteau. Des parents ont entendu leurs enfants évoquer la présence d’un homme sur le toit du préau. Une partie de la cour de l’école donne sur le terrain squatté. Des palissades ont été installées pour assurer une séparation.
« Mais ce n’est pas à nos enfants de se barricader, se lamente un parent d’élève, qui assure avoir regardé une vidéo où l’on voit des bagarres à l’intérieur du squat. Je demande juste que mon fils puisse aller à l’école tranquillement. »
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« On ne sert à rien, regrette, fataliste, un policier du coin. C’est comme vider la mer avec une petite cuillère. C’est une perte de sens totale pour les policiers. »
(…) Le Figaro via fdesouche