La rémunération des grands patrons du CAC 40 en France a atteint un sommet à 7,9 millions d’euros en moyenne l’an dernier, selon un rapport publié mardi par le cabinet de conseil aux actionnaires Proxinvest. Un record historique.
L’étude constate « une forte hausse des rémunérations médianes et moyennes dans tous les indices (CAC 40 et SBF 120, NDLR). On est bien sur des records historiques », a déclaré Jehanne Leroy, directrice de la recherche ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) lors d’une visionconférence avec des médias.
Elles sont portées par les très bons résultats post-Covid des sociétés en 2021, sur lesquels des éléments de rémunération sont indexés.
La rémunération totale moyenne des patrons de l’indice CAC 40 a augmenté de 52%, tandis que celle des présidents exécutifs de l’indice SBF 120 composé des 120 plus grandes entreprises cotées en France a crû de 22% pour atteindre 4,5 millions d’euros.
Dans les deux cas, c’est du jamais-vu depuis quinze ans.
« Effet Carlos Tavares »
Ces chiffres 2021 ont été obtenus par comparaison à ceux de 2019, avant la crise sanitaire, et non par rapport à ceux de 2020 qui est considérée comme une année non représentative étant donné qu’un certain nombre de dirigeants avaient renoncé à une part de leur rémunération.
La hausse s’explique également par un « effet Carlos Tavares (le directeur général du groupe automobile franco-italo-américain) Stellantis (Peugeot-Citroën-Fiat…) », dont la rémunération totale (fixe, variable, actionnariale) atteint un record jamais observé par Proxinvest, à 66,7 millions d’euros (19,15 millions d’euros selon l’entreprise).
« C’est la première fois depuis 15 ans qu’une société présente une rémunération totale supérieure à 50 millions d’euros », selon le rapport.
La rémunération de Carlos Tavares avait été rejetée le 15 avril par les actionnaires de Stellantis, mais ce vote était purement consultatif aux Pays-Bas où est basée la société, contrairement à la France où un tel vote est contraignant depuis 2018.
La différence entre les chiffres du constructeur automobiles et ceux de Proxinvest s’explique par le recours à des méthodes de calcul différentes, les sommes correspondant à la rémunération pluriannuelle étant lissées sur plusieurs années par Stellantis.
Pour établir son classement, le rapport de Proxinvest prend en compte tous les éléments de rémunération : fixe, bonus annuel, rémunération pluriannuelle de long terme, attribution d’actions valorisées à leur date d’attribution, avantages en nature…
Tous ces éléments ont explosé l’an dernier. La rémunération fixe moyenne est en hausse de 4,2% et le bonus annuel moyen de 33,6% au sein du CAC 40, alors que la valeur des attributions d’actions gratuites de performance atteint son plus haut historique dans le SBF 120 avec un bond de 39,6%.
Dispersion des salaires
C’est aussi « la première fois en huit ans que la rémunération moyenne des dirigeants du CAC 40 représente plus de 100 fois la rémunération moyenne des salariés », soit 369 fois le SMIC en base 39 heures, selon le rapport qui détecte un moins bon respect du plafond de rémunération maximale socialement acceptable (5,12 millions d’euros) calculé par Proxinvest.
En tout, 29 dirigeants dépassent ce plafond, contre 14 en 2020 et 24 en 2019, ce qui devrait relancer le débat sur le pouvoir d’achat des plus modestes, amputés en outre par l’inflation.
Sur la période 2014-2021, la rémunération moyenne des dirigeants a augmenté de 83,8%, soit trois fois plus vite que celle des salariés, qui a progressé de 23,9%.
Le cabinet Proxinvest, qui émet des recommandations de vote aux actionnaires pour les assemblées générales, se réjouit toutefois que, depuis 2021, toutes les sociétés du CAC 40 ont désormais intégré des conditions de performance ESG dans l’une des rémunérations variables du premier dirigeant.
Dans le top 5 des dirigeants les mieux payés figurent Carlos Tavares (66,7 millions d’euros), Bernard Charlès du groupe de logiciels Dassault Systèmes (44,1 millions d’euros, dont 40,8 millions de rémunération actionnariale), Daniel Julien de la société de centre d’appels Teleperformance (19,6 millions d’euros), François-Henri Pinault du groupe de luxe Kering (12 millions d’euros) et Paul Hudson du laboratoire pharmaceutique Sanofi (9 millions d’euros).
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