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  • Avec Bannon, préservons la liberté de s’endetter !

    Publié par Guy Jovelin le 21 mai 2019

     

    Depuis la diffusion du reportage d’Envoyé spécial sur France 2 à propos de Steve Bannon et des talents que Madame Le Pen lui prête « à lever des fonds » pour aider le RN, des Sénateurs et des députés de formations diverses ont hurlé à la collusion, aux risques d’ingérence étrangère et ont réclamé la saisine d’une Commission d’enquête parlementaire.

    Psychodrame qui devrait permettre au Sénat de s’incarner à nouveau comme Haute Cour protectrice des Institutions, et donner à BFMITélé, et autres consœurs l’occasion de préparer une série journalière comme elles en ont la recette, où directs, débats, analyses se succéderaient en boucle !

    Plusieurs choses me choquent :

    D’abord les parlementaires ont dégainé beaucoup trop vite mais sans doute ont-ils la consigne de le faire avec le RN, ce qui bipolarise encore un peu plus la campagne ?

    Ensuite, madame Le Pen, a beaucoup noyé le poisson dans ses réponses, ce qui renforce généralement la suspicion. Au sujet de la rencontre avec Steve Bannon, on apprend qu’elle n’a pas eu lieu, puis qu’une autre a bien eu lieu mais à Londres, avec Aliot. Pourquoi Londres, les banques anglaises sont-elles encore considérées comme « européennes » dans le contexte des Lois électorales ?

    Qui en a pris l’initiative ? Là aussi, on élude. Le reportage laisse entendre que le RN était demandeur de conseils, puis Madame Le Pen assure que Bannon a proposé les siens. Patate chaude et cafouillages. Auprès de qui chercher des fonds ? Là aussi, ce n’est pas clair. Face aux accusations d’intelligence avec l’Étranger, Madame assure qu’elle sait bien que solliciter des banques extra-européennes est désormais interdit et prétend ensuite que Bannon s’est proposé de chercher une Banque européenne. Un échec, dit-elle encore, pour des recherches effectuées semble-t-il en un délai record ! Il ne s’est donc pas contenté de se proposer, il aurait donc aussi cherché, et depuis quand ? Cet échec obligerait les deux à se recentrer sur la France et la contribution citoyenne. Un nouveau chef-d’œuvre en péril. Retour à la case départ sans toucher 20 000 euros. Amateurisme et monopoly.

    Steve Bannon n’a pas, semble-t-il, toutes les informations nécessaires pour constituer un dossier sur son « client ». Je le renvoie donc à l’excellent article du Conseiller régional André MURAWSKI du 26 juillet 2018, et paru un temps sur le site de Polémia avant d’en disparaître opportunément, puis développé par Challenges le 28 janvier 2019.

    Il devrait donc se pencher au préalable, en tant que Conseil, sur la solvabilité du client et la chronicité de ses déficits. La comptabilité des partis politiques étant publique, il en trouvera l’historique détaillé auprès des publications au JO de la CNCCFP (voir site). C’est édifiant.

    Il pourra aussi se renseigner auprès des derniers préteurs connus : la fameuse banque russe située à Chypre avant sa faillite, et l’illustre parti politique bancaire Cotelec qui attend toujours de pouvoir rembourser ses souscripteurs avant de fermer boutique. Les partis ne peuvent plus prêter mais la Loi semble leur accorder un sursis pour se faire rembourser, ouf ! Encore faudrait-il qu’ils ne jouent pas la montre au détriment des prêteurs, allez savoir ?!! 

    Les Français, eux aussi, devraient davantage se pencher, par la même occasion, sur la capacité du RN à gérer les comptes publics, à assainir les finances de l’État et à résorber la dette du Pays, puisque la formation politique de Dame Le Pen affiche ses ambitions et fait la leçon à l’Europe entière. Au cas où le débat du 2etour de 2017 n’aurait pas été assez éclairant…

    Le Parti qui entend réduire les dépenses de la Fonction publique, doit donner l’exemple et ne doit pas lui-même être écrasé par ses dépenses de fonctionnement dues à des embauches inconsidérées. Ça la fiche mal !

    La « France française » c’est beau aussi, encore faut-il prouver son autonomie et ses compétences propres sans recourir précisément à un Conseil d’outre atlantique.

    Tête haute et mains propres, c’est magnifique mais la lessive est un peu vieille et rincée.

    Un expert en la matière disait jadis qu’en politique il fallait avoir la culotte propre pour monter au cocotier. C’est si vrai !

    En expert qu’il est, Steve Bannon nous dira donc si la Banque russe a été remboursée, et, a contrario si elle n’a jamais eu besoin de l’être et, dans ce cas, d’où venait l’argent ? Il pourra se renseigner sur les accusations de comptes off-shore de la famille puisque la Dame est de droit couchée sur le testament paternel ; également sur l’état des procès engagés contre le FN et ses dirigeants à propos des micro-partis, des assistants parlementaires européens et autres broutilles.

    Accessoirement, Steve Bannon élucidera-t-il au passage les mystères de la Justice française ?

    Expéditive avec les Fillon pour des histoires de garde-robe, très lente avec les dossiers Chirac, Tapie et Balkany, embourbée avec Sarkozy, et très, très, très à la traine avec d’autres.

    C’est sans doute une question de manque de personnel et de moyens.

    Franck Timmermans - Membre du Bureau Politique du Parti de la France