GJN1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

droite souverainiste européenne

  • Voici pourquoi la droite souverainiste européenne soutient Israël

    Publié par Guy Jovelin le 19 juin 2025

    Pourquoi la droite souverainiste européenne soutient Israël
    pourquoi la droite souverainiste européenne soutient Israël

    Israël fait le « sale boulot » pour l’occident, entend-on sur les chaines d’infos en continu, spécialement celles réputées conservatrices. « Israël joue sa survie » déclare Marine Le Pen. Mais qu’est-ce qui pousse les figures politiques dites de « droite souverainiste » à soutenir inconditionnellement Israël ?

    Bernard Henry-Levy et son soutien inconditionnel, messianique, absolu, à l’État hébreux fait des émules au sein de la droite souverainiste, populiste

    Bernard Henry-Levy et son soutien inconditionnel, messianique, absolu, à l’État hébreux fait des émules au sein de la droite souverainiste, populiste. Israël fait le « sale boulot » pour l’occident affirme le chancelier allemand, le centriste Merz. « Israël joue sa survie » déclare Marine Le Pen. En attaquant l’Iran, selon le « droit de frapper préventivement tout programme nucléaire hostile » que se donne Netanyahu, le droit international est piétiné allègrement par l’État hébreux. En légitimant cette attaque, l’Occident, déjà discrédité par son inaction diplomatique et humanitaire face au génocide palestinien, se discrédite à nouveau aux yeux des ¾ de la planète, c’est-à-dire la majorité des pays en-dehors de l’Occident ; les soi-disant droites souverainistes en suivant ce narratif perdent également leur propre crédibilité aux yeux des honnêtes gens. Car qui menace la paix du monde si ce n’est un régime (l’impérialisme américano-sioniste ou Deep State étatsunien) qui massacre des dizaines de milliers de civils sans défense, bombarde ou envahi la Syrie, le Liban, Gaza, la Cisjordanie et maintenant l’Iran ?

    En dépit de l’ignorance des faits historiques concernant le Proche-Orient, qui habite bon nombre des politiciens souverainistes d’aujourd’hui, plus soucieux de leur image Instagram que de leur culture générale, quelques raisons plus profondes expliquent leur « empathie » pour Israël, au point de tordre le réel et occulter l’abominable.

    Le blog de géopolitique Inside over, proche des milieux souverainistes et nationalistes italiens, dans un récent article, analyse ce positionnement, au-delà de la vision simpliste donnée par la gauche qui ne lit les événements qu’à travers le prisme du combat contre l’extrême-droite. En raison de l’intérêt de ce texte, MPI vous en propose de larges extraits :

    Marine Le Pen soutient inconditionnellement l’État hébreux au nom de la nécessité de lutter contre le « terrorisme » du Hamas

    « La dernière en date, par ordre chronologique, était Marine Le Pen. Invitée par la chaîne de télévision Israël 24, elle a tenu à affirmer son soutien sans réserve à l’action guerrière menée par le gouvernement de Tel-Aviv dans la bande de Gaza, la justifiant au nom de la nécessité de lutter contre le « terrorisme » du Hamas. En d’autres termes, elle a utilisé les mêmes arguments qu’avant elle, tous les représentants des partis nationaux-populistes et/ou souverainistes européens ont soutenus depuis le début des représailles déclenchées par l’armée israélienne après l’attaque du 7 octobre 2023, sans changer d’un iota leur attitude face à la tournure de plus en plus sanglante prise par le conflit.

    « L’événement médiatique n’a pas manqué de susciter une vive polémique dans la presse de gauche française, qui a interprété les déclarations de la candidate (…) comme la preuve d’une identité fondamentale entre ses convictions et ses programmes et ceux de Benjamin Netanyahou. Il a également relancé l’image d’une extrême droite qui s’étend également au-delà des frontières européennes (…). Une représentation qui a le mérite, très utile en politique, de dessiner les contours compacts et linéaires de l’Ennemi et d’indiquer les points où il est le plus facile de l’attaquer.

    « Ceux qui connaissent les événements de cet espace politico-idéologique fragmenté pour les avoir suivis et étudiés à une époque où leurs succès actuels semblaient impensables peinent cependant à souscrire à une vision aussi simpliste. Les nombreuses oscillations qui ont caractérisé par le passé les positions prises par ces formations politiques sur les conflits au Moyen-Orient suggèrent une lecture différente de leur comportement actuel. Prenons l’exemple de la Ligue de Bossi, qui a longtemps inclus les Palestiniens parmi les peuples sans État dont les droits et les revendications devaient être défendus (…), pour finalement faire volte-face après le 11 septembre 2001. Ou encore d’un autre Le Pen, Jean-Marie, capable de soutenir résolument le gouvernement de Menahem Begin lors des massacres dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila, puis de s’opposer avec la même vigueur aux croisades occidentales contre l’Irak. Ou encore au MSI d’Almirante, qui, tout en maintenant une ligne constamment pro-occidentale et pro-israélienne, acceptait dans ses débats au Congrès, comme cela s’était produit en 1970, des motions de la minorité rautienne [de Pino Rauti, l’une des principales figures du Mouvement social italien (MSI), ndlr] qui espérait des relations étroites de coopération entre l’Italie et le monde arabe, et qui voyait une grande partie de ses jeunes militants ouvertement alignés sur le camp palestinien.

    Première caractéristique de l’attitude de ces partis de droite à l’égard du conflit israélo-palestinien : se défaire de l’étiquette ‘fasciste’ collée par la gauche

    « En réalité, l’attitude de ces partis de droite à l’égard du conflit israélo-palestinien, du moins depuis que certains d’entre eux sont sortis de leur condition originelle de marginalité, a toujours été caractérisée par des considérations de pure opportunité, exprimées selon trois lignes différentes et convergentes.

    « Du premier côté – et souvent du principal – pesait lourd la nécessité de se défaire de l’accusation, souvent portée par leurs adversaires, de cultiver la nostalgie de régimes, notamment fascistes, qui avaient adopté des politiques antijuives. Pour dissiper ces ombres, la réaction des héritiers présumés de Salò, de Vichy, du Troisième Reich ou de ses collaborateurs locaux pendant la Seconde Guerre mondiale fut toujours de se ranger à tout prix du côté de l’État juif. Cela fut particulièrement évident depuis la « guerre des Six Jours » de 1967, lorsqu’en Italie, le sénateur MSI de l’époque, Alessandro Lessona, ancien sous-secrétaire aux colonies du gouvernement Mussolini, proposa même à l’ambassade d’Israël la formation d’une brigade de volontaires de son parti pour soutenir l’État juif. Un exemple caractéristique, mais loin d’être unique, a été fourni par l’Alliance nationale [parti politique italien héritier du MSI, ndlr] et le parcours de son leader, depuis l’ajout in extremis d’une intégration aux thèses du Congrès à Fiuggi pour soutenir la politique israélienne jusqu’aux controverses internes qui ont suivi la visite de Fini [premier président de Alliance Nationale, ndlr] à Yad Vashem et sa phrase controversée associant le fascisme au concept de « mal absolu ». C’est encore aujourd’hui la principale raison pour laquelle tous les représentants des partis souverainistes ferment les yeux sur les horreurs qui se déroulent à Gaza. D’une certaine manière, cela peut être considéré comme un effet pervers de l’instrumentalisation du mythe de l’éternel retour de l’« Ur-fascisme », inventé par Umberto Eco et revenu à la mode dans les milieux progressistes après la naissance du gouvernement Meloni.

    Deuxième caractéristique : possibilité de reporter sur ses adversaires une accusation d’antisémitisme dont on porte le poids depuis longtemps

    « Un deuxième aspect du problème est lié (…) à la possibilité de reporter sur ses adversaires une accusation dont on porte le poids depuis longtemps. Ainsi, en renonçant à distinguer, comme il serait de plus en plus nécessaire et honnête de le faire, entre l’aversion envers les Juifs et l’opposition aux politiques des gouvernements israéliens qui, bien avant l’arrivée de Netanyahou au pouvoir et sans interruption, ont intensifié la colonisation de la Cisjordanie et toléré la violence et les abus des colons (…), toute manifestation de soutien aux revendications palestiniennes est présentée comme un acte antisémite.

    « Et, à partir de ses franges les plus radicales et actives dans les manifestations, nous finissons par étendre cette accusation à toute la zone de gauche, pour trouver également un terrain d’entente avec des secteurs de la droite plus modérée et centriste, où la faveur pour Israël est profondément répandue.
    Troisième caractéristique réside dans l’utilisation d’accusations de terrorisme contre le Hamas, et l’Iran aujourd’hui, dans le contexte de la pénétration de l’islam en Occident

    « Un troisième facteur fondamental de la solidarité de la droite populiste et souverainiste avec le gouvernement israélien actuel réside dans l’utilisation d’accusations de terrorisme contre le Hamas – et de soutien à ceux qui cherchent à l’éradiquer, y compris par des bombardements aveugles contre la population civile – dans le contexte plus large de la controverse sur la pénétration de l’islam en Occident et la croissance conséquente des sociétés multiculturelles, cheval de bataille de tous ces formations. L’attaque des Twin Towers a constitué en ce sens un tournant, renforcé par toutes les conséquences des opérations militaires menées en Afghanistan et en Irak, et une occasion extraordinaire de transformer les immigrants des pays arabes en agents potentiels du terrorisme. La multiplication des attentats sur le sol européen et la création de l’État islamique ont favorisé la croissance, dans l’opinion publique, de la perception de l’islam comme une double menace, pour la sécurité personnelle et pour l’identité culturelle, et ont renforcé l’argumentation qui considère l’immigration de masse comme le cheval de Troie des forces hostiles à la civilisation occidentale et au mode de vie qui caractérise ses sociétés. Le résultat a ainsi renforcé l’image d’Israël comme un rempart guerrier courageux contre la barbarie naissante de ses voisins, ennemis de la « civilisation occidentale » (…).
    « Pour l’effet combiné de toutes ces raisons, les droites conservatrices, populistes ou souverainistes sont aujourd’hui contraintes, presque par réflexe conditionné, de se ranger sans hésitation du côté du gouvernement Netanyahou, quels que soient ses choix, de se limiter à de faibles espoirs de la fin du carnage en cours et de s’opposer à l’hypothèse d’une reconnaissance, d’ailleurs symbolique, d’un État palestinien. Il ne s’agit pas d’une union amoureuse, mais d’une union fondée sur des intérêts substantiels ; or, l’expérience enseigne que c’est précisément dans ce genre de cas que l’union est la plus solide.

    Les partis nationaux-populistes diluent ainsi toujours plus leurs caractéristiques anti-establishment originelles avec des concessions de plus en plus marquées à l’agenda LGBTQ+, la culture de mort, etc.

    « Le premier des facteurs que nous avons mentionnés ne se limite pas aux événements liés au conflit au Moyen-Orient, mais s’étend bien au-delà. La projection sur les partis nationaux-populistes de l’ombre des expériences autoritaires passées, résumée hâtivement mais efficacement par la formule exorciste du « retour du fascisme », qui leur permet de former des cordons sanitaires, des fronts républicains et des arches constitutionnelles à leur détriment dès que se profile le risque de leur succès électoral (la Roumanie étant le cas le plus récent), pousse ces formations à diluer toujours plus leurs caractéristiques anti-establishment originelles et à s’adapter sans ambages à la vieille dynamique conflictuelle droite-gauche. L’espoir est ainsi de pousser les franges les moins progressistes (« modérées », selon le jargon médiatique) du front libéral à renoncer à leurs fermetures de principe et à accepter des accords et un soutien tactique pour créer des gouvernements « non de gauche ». C’est le choix fait, par exemple, en Suède et aux Pays-Bas, et qui avait déjà été inauguré il y a plus de trente ans, grâce à la variable Berlusconi atypique, par l’Italie.

    « Le résultat de cette stratégie est l’absorption progressive des instances de renouveau radical portées par le phénomène populiste au cours des trois dernières décennies à travers l’Europe, dans une formule de compromis nominalement conservatrice, formellement alternative à celle proposée par les progressistes, mais pleinement compatible avec les structures actuelles du système libéral. Elle est de plus en plus poussée à intégrer des idées issues du camp adverse afin d’écarter tout soupçon de radicalisme et de renforcer l’héritage encore incertain de légitimité acquise. On le constate déjà dans le domaine économique et social, avec l’abandon de toute critique du libéralisme (sans parler des tendances anticapitalistes, aujourd’hui disparues) et de ses politiques. Des fissures apparaissent déjà sur les questions éthiques, avec des concessions de plus en plus marquées à l’agenda LGBTQ+. Pour l’instant, l’intransigeance verbale sur la question de l’immigration demeure, mais la méfiance envers les alliés (voir le cas de Hollande, qui a conduit Wilders à retirer son soutien à l’exécutif) et la forte pression des médias laissent présager des concessions substantielles sur ce front également.

    « Ainsi se consomme un autre paradoxe : c’est l’ombre du fascisme « éternel » qui liquide tout espoir résiduel de voir fleurir dans le panorama actuel une forme nouvelle et efficace de « troisième voie », projetée au-delà des apories du capitalisme libéral et de la social-démocratie, et qui enterre les espoirs rebelles de la vague populiste dans la routine banale de toute droite. »

    Francesca de Villasmundo

     

    Source : medias-presse.info