Publié par Guy Jovelin le 25 décembre 2020
D’Antoine Bordier :
Il est tard lorsque Florian Boucansaud nous ouvre les portes de son foyer, à Paray-le-Monial. Là, dans l’humidité de la campagne de Saône et Loire, au cœur même du Charolais, l’ancien footballeur professionnel s’est installé depuis 2010 avec toute sa famille. Il a troqué son poste de défenseur central de Caen, pour celui d’évangélisateur. A 20 ans, il est sélectionné en équipe de France. A 28 ans, sa carrière s’écroule. A 32 ans, il rencontre le Christ. Reportage sur un chercheur de bonheur, un serviteur du Seigneur.
Son numéro de maillot ? Le 13. Il ne le savait pas, mais il portait, déjà, le numéro de Marie. C’est, aussi, le nombre de Dieu, en tout cas de ses treize attributs, que Moïse découvre lorsqu’il monte à la rencontre du Seigneur sur le mont Sinaï. La Vierge Marie, considérée parfois comme le 13è apôtre, est apparue le 13 de chaque mois à Fatima, en 1917. Un clin Dieu de circonstance pour cet homme, qui fêtera ses 40 ans en février 2021. Hier, il jonglait avec les ballons sur les pelouses vertes des stades emblématiques du Parc des Princes, du Vélodrome ou de Gerland. Aujourd’hui, il jongle avec les offices de la Messe, les grains du chapelet, et, les temps d’adoration. Cet inculte, cet ignorant de Dieu s’enfermait pendant une dizaine de jours dans les salles du casino de l’hôtel Bellagio, où ont tourné Brad Pitt, et, George Clooney, à Las Vegas, « sin city », la ville du péché. Avec ses copains de vestiaire, il joue au poker, en mode nuits blanches. En 2019, pendant 9 mois, il commence à écrire « Es-tu prêt ? Il revient ». Dans ce premier livre, paru en octobre 2020, il raconte son histoire, sa conversion, et, sa mission à couper le souffle d’évangélisateur 2.0. A l’instar du bienheureux Carlo Acutis, que l’on dénomme communément : « le geek de Dieu », Florian a échangé sa vie de footballeur pour celle d’évangélisateur sur internet. Chaque jour, il reçoit des témoignages poignants. Après avoir touché les supporters, et, défendu son équipe avec le ballon, il touche maintenant les cœurs d’athées, de convertis, et, de croyants, de musulmans, avec la foi. Dans la continuité de son livre, il a lancé son site internet : www.estupret-ilrevient.com. Avec son épouse, Sandra, il anime quotidiennement sa chaîne YouTube sur Maria Valtorta, La Parole qui donne la Vie éternelle.
« Es-tu prêt ? Il revient »
C’était aux alentours du 13 octobre 2019, lors du mois du Rosaire. Il reçoit une lettre « providentielle. Celle d’un frère carme, ermite de Roquebrune, qui écrit des icônes, explique Florian. Il m’avait remercié pour mes témoignages sur des sujets que l’on n’ose pas trop traiter dans l’Eglise, comme les prophéties, les apparitions de la Vierge Marie, et, les révélations privées. Quelques minutes avant de prendre connaissance de cette lettre, je venais de demander au Seigneur qu’Il me fasse comprendre sa Volonté. Devrais-je écrire mon livre ?
La dernière phrase de sa lettre était assez claire : ‶Soyez ce fidèle témoin que Jésus attend de vous. ″ » Florian, raconte sa vie, en ce dimanche de Gaudete, dimanche de la Joie. Il parle de son enfance, de son père, inspecteur de police à la Criminelle. Sandra ajoute : « c’était au temps du gang des Postiches, qui défrayait la chronique judiciaire ». Florian parle, aussi, de sa maman, « qui a été guérie miraculeusement de sa maladie dépressive ». Il est né le 15 février 1981 à Noisy-le-Sec, en région parisienne. Avec son père, bénévole dans le milieu, il débute sa passion dans le foot à l’âge de 5 ans. A 7 ans, il découvre Gerland et se met à rêver avec son album « Panini », dans lequel il collectionne les portraits de footballeurs. « C’est mon papa qui, sans le vouloir, m’a transmis le virus du ballon rond. » Florian vit une grande partie de son enfance à Paray-le-Monial, où il met les pieds pour la première fois en 1990. Après les régions parisienne et lyonnaise, il arrive dans le Charolais à l’âge de 10 ans. A 13-14 ans, il est remarqué par le FC Gueugnon, qui est le club professionnel de la région.
Le foot et la gloire
« J’ai signé mon premier contrat à l’âge de 17 ans, en 1998. Après l’avoir rêvé, j’ai découvert le milieu professionnel. J’étais doué, j’avais été approché, remarqué. Puis, on a commencé à parler d’argent. J’étais dans l’anti-chambre du monde professionnel qu’affectionne tant les médias et les sponsors. » Florian est défenseur au FC Gueugnon : « je ne marquais pas de but, je les empêchais. » De 15 à 18 ans, il évolue, donc, dans ce club de Ligue 2. Ses parents le suivent de près. Il enchaîne les contrats, tout en suivant sa scolarité. Il enchaîne, aussi, les blessures. « En 1997, 1998 et 1999, j’ai été blessé à plusieurs reprises, aux chevilles, et, j’ai eu le genou abîmé. » En 1998, avec l’arrivée d’un nouvel entraîneur, il réalise sa meilleure saison chez les moins de 17 ans nationaux. « Michel Royer était un très bon entraîneur. Il était à l’écoute de nos besoins, et, mettait en valeur nos talents. Il nous donnait beaucoup de confiance en nous ». En 2001, il rentre, véritablement, dans l’univers des professionnels. Toujours avec le FC Gueugnon, il signe son premier contrat de quatre ans de joueur professionnel. Il gagne à l’époque environ 3 000 euros nets par mois. « J’avais une vraie fierté raconte-t-il. J’ai vraiment eu des moments de bonheur. Mais, j’avais, aussi, des doutes. Quand on regarde la façade du football, elle est magnifique. Elle attire le regard. Mais, à l’intérieur, la vie peut, parfois, être dure psychologiquement. » Florian raconte les coulisses du football professionnel, et, des compétitions internes. « C’est la performance, l’ultra-performance qui dicte tout. Cette école de passion où l’on recherche la gloire, peut, aussi, devenir une école de souffrance. » A 24 ans, il rejoint le club de Nice. Il a rajouté un zéro à son salaire mensuel. Il roule en Porsche, et, place son argent dans l’immobilier. Il paraît heureux.
Le mariage et Dieu
En 2004, il rencontre Sandra, une belle brune alsacienne qui vit à Colmar. Il a 23 ans, elle en a 24. Ils entrent en relation sur Meetic, le premier réseau de rencontres sur internet. Puis, ils se voient à Strasbourg. Et, Sandra qui a un tempérament à la fois chaleureux, décidé, doux et sérieux, accepte de venir vivre avec lui.
Tous les deux ne sont pas pratiquants. Florian, qui est baptisé, rejette même Dieu, et, l’Eglise, en raison de la souffrance et du mal qu’il voit autour de lui. Il partage cela avec Sandra. « J’avais, aussi, besoin de Sandra, pour partager les maux de mon âme. Sandra avait la certitude intime que Dieu existait. Elle a été marquée par la mort de son frère aîné, à l’âge de 5 ans, frappé par un cancer des os. Depuis, elle avait acquis la certitude de la Vie après la mort. Elle m’éveillait à la beauté de la création et de Dieu. » Ils se marient civilement, et, leur première fils Gabin naît en 2006. Entre-temps, sur le terrain, Florian est approché par le club de Troyes. Ils y vivent jusqu’en 2007. Sa dernière année à Troyes est douloureuse pour lui : il ne joue plus du tout. Il n’est plus en forme, il doute. Il signe, cependant, avec Caen. Il retrouve la forme à l’été 2008, après un excellent match disputé contre Bordeaux. Mais il se blesse sérieusement à une cuisse le match suivant. Puis, en mars 2009, une erreur de sa part provoque la défaite de son équipe à l’occasion du match Caen-Lille. Quelques jours plus tard, il vit une sorte de burn-out. Il est à bout. Il crie vers le Ciel : « J’étais au volant de ma Porsche, je rentrais chez moi et je pensais à mon avenir. J’ai appelé au secours sans savoir à qui je parlais. Je voulais être heureux, peu importe si pour cela le foot devait s’arrêter. »
Paray-le-Monial et sa conversion
Florian est en train de vivre « une descente aux enfers ». Plus aucun club ne le sollicite. Il arrête le football. Sur-endetté, il pointe désormais aux Assédics, avec un zéro en moins. Les huissiers frappent à sa porte. Avec Sandra, ils doivent tout vendre : leurs voitures, leurs bijoux, leurs biens immobiliers. Criblé de dettes, il décide de remettre les crampons et de signer avec le club de Montceau-les-Mines, en 2010. Il est capitaine de l’équipe jusqu’en 2017. Il retourne vivre à Paray-le-Monial. Ruiné, une nouvelle vie l’attend : celle de Dieu, celle de sa conversion. Sorti de sa bulle, il devient particulièrement sensible à la noirceur du monde. Il désespère même face à un avenir qu’il pressent douloureux. Mais, il cherche à comprendre. Il espère qu’un sauveur surgira du monde politique. Il ne supporte pas la pensée unique imposée sur les grands sujets sociétaux (comme l’avortement, le mariage pour tous, et, la PMA). Florian est en marche vers Dieu. En regardant une vidéo sur YouTube, il découvre la dimension spirituelle de l’homme. « C’est une interview de Pierre Hillard qui m’a ouvert à la transcendance. Il évoquait Satan comme origine du mal. Je n’en avais jamais entendu parler. Il disait aussi que nous devions sauver notre âme. » Le lendemain, il en discute avec son épouse : « Chérie, je crois que Dieu existe et je commence peut-être à comprendre pourquoi il y a tout ce mal sur la terre. » Quelques jours plus tard, il se rend pour la première fois dans la Basilique de Paray-le-Monial, et, assiste à la Messe. Il y va comme un « spectateur ». Il n’est pas encore un supporter. Mais, il chemine, et, avance vite. Sandra est témoin de sa conversion : « Oui, je l’ai vu, il était en train de changer fondamentalement. Puis, il a acheté une Bible. Il l’a dévorée. Et, il m’a dit : ‶ Les écailles de mes yeux tombent. Dieu existe ″. » Dans sa 33è année, Florian vit une conversion. Son chemin est passé par Las Vegas, où il a brûlé quelques milliers d’euros. A Paray-le-Monial, il a vécu à 300 mètres du lieu des apparitions sans y mettre les pieds. Sa vie bascule.
Le Sacré-Cœur et la naissance d’un témoin
Il fait encore nuit, ce dimanche 13 décembre. Il est 6h40, Florian referme derrière-lui la porte de sa petite maison, sans faire de bruit. Cette maison, qu’il loue et qu’il devra bientôt quitter. Il n’est pas inquiet : « Depuis ma descente aux enfers, et, ma conversion en 2013, j’ai une grande confiance en Dieu, et, en la Providence ». Les énormes cloches de la Basilique retentissent. On se croirait à proximité d’une abbaye bénédictine tant leur tintement est grave et mélodieux à la fois. C’est un appel à la prière. A l’intérieur de la Basilique du Sacré-Cœur, qui a été construite avant les apparitions, au Moyen-Age, une cinquantaine de fidèles attendent l’arrivée du prêtre, qui célèbre habituellement la Messe de 7h00. Des enfants traversent la nef, ils s’arrêtent devant l’autel, et, font une génuflexion en direction du Saint-Sacrement. Ils se rendent en hâte à la sacristie pour revêtir leur aube blanche et servir la Messe. Ici, à Paray-le-Monial, dans la Cité du Sacré Cœur de Jésus, qui est apparu à sainte Marguerite-Marie le 27 décembre 1673, la foi est familiale. C’est là que Florian et Sandra se sont dit « oui » devant Dieu. C’est là où leur petit dernier, Savio, a été baptisé en 2017. Florian a chaussé de nouveaux crampons : ceux de la foi. Son terrain de jeu est désormais l’Evangile. Sa dépression de 2009 s’est transformée, 3 ans plus tard, en conversion, puis, en confirmation, et, enfin en témoignage. « Dès 2014, dans plusieurs villes de France, on me demandait de témoigner. On me proposait même d’écrire un livre. Mais, là je disais non, j’attendais, je discernais, je patientais, je priais. Avec le sentiment que Dieu était en train d’écrire une nouvelle histoire. »
Des mystiques et la Covid-19
Dans sa chambre, un mur d’images de saints, une croix, des icônes donnent à cet endroit intime, une allure de chapelle. La prière familiale y est pratiquée. Amoureux foot de Dieu, cette passion anime de plus en plus le couple, et, toute la famille, du plus petit au plus grand. Gabin dit au-revoir à ses parents. Il est en tenue de scout d’Europe et se rend à la Messe de 10h00. Le petit Savio s’est emparé de la croix. Et, à trois ans, il chante « Jésus-Christ, Jésus-Christ ». Après l’écriture de son livre « Es-tu prêt ? Il revient », en auto-édition, Florian a lancé son site internet www.estupret-ilrevient.com. Il anime maintenant sa chaîne YouTube. Avec Sandra ils prêtent leurs voix aux textes écrits par la mystique Maria Valtorta qu’affectionnait tant saint Jean-Paul II. Dans son livre, il se penche sur des apparitions, celle de Fatima, entre-autre, et sur ces mystiques, comme Luisa Piccarreta, qui ont bénéficié de révélations privées du Christ. La vie de Florian est devenue comme une « opus Dei », une œuvre de Dieu. En 2015, il se lance dans la lecture des 15 000 pages qu’aurait dicté le Christ à Maria Valtorta, au siècle dernier. Ce feu qui l’anime, il ne peut pas le garder pour lui tout seul. A l’heure de la pandémie, qui fait des ravages, il a une certitude et un questionnement : « L’instrumentalisation qui est faite de la Covid-19 est, pour moi, un grand signe des temps. Comment ne pas constater que nos libertés sont attaquées, et, qu’il semble que nous nous dirigeons à grands pas vers une société totalitaire ? ».
Face aux signes des temps, des raisons d’espérer
Florian serait, donc, devenu le porte-parole, le porte-voix de ces mystiques, de la Vierge et du Sacré-Cœur. En 2014 et 2019, il se rend à Medjugorje, là où apparaît encore la Vierge Marie. Il a rencontré l’une des voyantes. Depuis, Florian est en mission. Face aux signes des temps, grâce à son livre, son site internet, sa chaîne YouTube, et ses témoignages, il touche de nombreuses personnes. Dernièrement, il a reçu un témoignage touchant d’une musulmane qui est en train de lire son livre. Face à cette crise, ses raisons d’espérer se sont multipliées : « Redressez-vous, relevez la tête, car votre libération est proche, dit-il, en reprenant une phrase biblique. Oui, courage, car le Ciel et la Joie éternelle sont au bout du chemin. Il faut mettre le Bon Dieu à la première place, et, se convertir. C’est d’ailleurs ce qu’Il attend. Il faut avoir une confiance totale, et ne pas avoir peur. Courage, Il vient ! »
A l’approche de Noël, Florian, ira vivre cette belle fête de famille chez ses parents. Lui, qui, récemment, a été atteint dans son cœur, par une nouvelle épreuve. Il y a quelques jours, son grand-père, Louis, qui ne pouvait plus voir ses proches, s’est donné la mort à l’âge de 95 ans. Face à ces drames, face aux épreuves, sa foi tient bon, et, sa mission semble se confirmer. L’ancien footballeur a pour nouveau terrain de jeu, celui des âmes. Il doit les défendre, les attirer vers le Bon Dieu. Malgré ses blessures, l’ancien défenseur avance à grandes enjambées en voulant entraîner vers le Ciel le plus grand nombre de ses abonnés et de ses lecteurs.
Dossier réalisé par Antoine BORDIER
Source : lesalonbeige