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l'afrique réelle

  • L'Afrique Réelle n°142 - Octobre 2021, par Bernard Lugan.

    Publié par Guy Jovelin le 03 octobre 2021

    Sommaire

    Numéro spécial :
    Le contentieux algéro-marocain


    - L’état de la question du Sahara 
    - Une situation figée (1979-2021)
    - La guerre des sables (octobre-novembre 1963) 
    - Le Maroc dans l’espace saharo-méditerranéen
    - Les reconnaissances internationales de la marocanité du Sahara occidental
    - L’Espagne et la France détachent le Sahara occidental du Maroc
    - Derrière le contentieux algéro-marocain, la frustration de l’Algérie de n’avoir jamais existé comme Nation

    Editorial de Bernard Lugan

    algérie,l'afrique réelle,marocLa crise qui couvait entre l’Algérie et le Maroc depuis plusieurs années, a éclaté au grand jour le 24 août 2021 quand Alger annonça la rupture unilatérale de ses relations diplomatiques avec Rabat. Puis, le 22 septembre, dans une surenchère politique, le gouvernement algérien décida la fermeture de son espace aérien aux avions marocains et à tous ceux immatriculés au Maroc. 
    Cette rupture entre les deux pays est-elle une simple crispation annonçant un grand marchandage régional, ou doit-elle au contraire être considérée comme une veillée d’armes ? 
    En Algérie où rien ne se dit clairement, tout repose sur le non-dit. Or, à la fin du mois d’août, le ministre algérien des Affaires étrangères a laissé échapper la vraie raison de la crise, en déclarant que le contentieux algéro-marocain remonte à l’année 1963. Donc à la « guerre des sables », qui opposa les deux pays et qui vit une victoire militaire marocaine. Une humiliation qui hante encore Alger. 
    Le cœur du problème est en effet celui des frontières entre les deux pays. Pour créer l’Algérie, un pays qui n’avait jamais existé, la France démembra en effet le Maroc sur toute sa frontière orientale, lui enlevant plusieurs régions historiquement marocaines, qu’il s’agisse de Tindouf, du Gourara, du Tidikelt et autres, comme cela est expliqué et cartographié dans ce numéro. 
    A cela, s’ajoute la question du Sahara occidental, immensité arrachée au Maroc par la colonisation espagnole. Or, pour les Marocains, il s’agit de leur « Alsace-Lorraine », alors que les Algériens voudraient la création d’un « Etat saharaoui » qui leur soit inféodé et qui interdirait au Maroc de disposer d’un littoral de plusieurs milliers kilomètres depuis Tanger au nord jusqu’à la frontière mauritanienne au sud. 
    Hubert Védrine, ancien chef de la diplomatie française a lumineusement résumé la question en disant que : « (…) l’affaire du Sahara est une affaire nationale pour le Maroc et une affaire identitaire pour l’armée algérienne ».
    Affaire identitaire, en effet, d’autant plus que l’actuel chef d’état-major algérien, le général Saïd Chengriha, ancien commandant de de la Troisième région militaire, celle qui a pour cœur Tindouf et qui fait donc face au Maroc, nourrit une aversion connue à l’égard de ses voisins marocains. Quant à ses sympathies pour le Polisario, elles ne sont plus à démontrer.
    Pour une Algérie « enclavée » dans cette mer fermée qu’est la Méditerranée, il est insupportable de devoir constater que le Maroc dispose au contraire d’une immense façade maritime océanique ouvrant de ce fait le royaume à la fois sur le « grand large » atlantique et sur l’Afrique de l’Ouest. Jamais l’Algérie n’acceptera d’admettre cette réalité géostratégique. Là est bien le fond du problème. 
    Dans ces conditions, le risque est donc que, acculée par ses colossaux problèmes intérieurs, l’Algérie, pays en faillite après avoir été consciencieusement pillé par ses dirigeants depuis 1962, décide une fuite en avant suicidaire à travers le recours aux armes.
     
  • L'Afrique Réelle n°141 - Septembre 2021.

    Publié par Guy Jovelin le 02 septembre 2021

     

    Sommaire

     Numéro spécial : Les Peul
    - La question peul
    - Qui sont les Peul ?
    - Les Peul, éternels «réfugiés climatiques »
    - Le Macina ou l’épicentre de la révolte des Peul
    - L’épuration ethnique dans la région des « Trois frontières »
    - Quatre siècles d’expansion des Peul
    - Quand les jihad peul d’hier expliquent les tensions ethniques d’aujourd’hui
    - Nigeria : les Peul à l’avant-garde de l’islamisation

     

    Editorial de Bernard Lugan

    l'afrique réelle,peulsDans son numéro 80 du mois d’août 2016, alors que la « question peul » ne se posait pas encore, l’Afrique Réelle publia un dossier intitulé : « Quand le monde peul s’éveillera, le Sahel s’embrasera ». 
    Aujourd’hui, ce n’est plus le seul Sahel qui est embrasé par la revendication peul puisque, outre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, des pays comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigeria, le Tchad et la Centrafrique sont désormais concernés.
     
    Qui sont les Peul ? C’est à cette question qu’est consacré ce numéro spécial de l’Afrique Réelle
     
    Chassés du Sahara par la péjoration climatique, un phénomène qui débuta il y a 4000 ans, les pasteurs Peul ont, depuis, essaimé dans tout l’ouest africain, suivant le recul des pâturages. Aujourd’hui, en butte à l’hostilité des agriculteurs qui colonisent peu à peu leurs couloirs de transhumance, victimes de la « rapacité de la houe », les Peul ne s’identifient pas aux Etats dans lesquels ils vivent, et que certains ne font que traverser. D’autant plus qu’à l’exception du Nigeria et du Cameroun, la colonisation a inversé le rapport de force précolonial au profit des sédentaires. Après les indépendances, grâce à l’ethno-mathématique électorale, ces derniers héritèrent du pouvoir dont les Peul furent totalement exclus. 
     
    L’hostilité qui, dans le nord de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Togo et du Bénin, entoure désormais les Peul, vient du fait que leur transhumance se fait depuis un Sahel largement contrôlé par les jihadistes. La crainte des populations et des autorités est donc que des terroristes s’infiltrent parmi les pasteurs.
     
    Cette inquiétude n’est pas infondée. Cherchant à étendre leur zone d’action vers le littoral atlantique, les jihadistes ont en effet besoin d’une assise ethnique. Voilà pourquoi, soufflant sur les braises du ressentiment, ils recrutent des combattants parmi ce peuple de 40 millions de membres dispersé sur 15 pays. Désormais, le risque est grand en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Togo et au Bénin, dont les régions  de l’extrême septentrion sont englobées dans les zones de nomadisation des Peul. D’autant plus que, depuis deux ou trois décennies, dans tout l’ouest africain, nombre de Peul sans bétail constituent un prolétariat manipulable et prêt à toutes les aventures. 
     
    Comme je l’explique dans mon livre Les guerres du Sahel, des origines à nos jours, les Peul se trouvent donc, le plus souvent contre leur gré, placés au cœur de plusieurs conflits hérités de la longue histoire régionale, du temps d’ « avant les Blancs ». Sans leur connaissance, les observateurs et les journalistes sont condamnés à la superficialité des analyses. 
     
    Rallumés par le jihadisme et nourris par une suicidaire démographie dont la conséquence est la lutte pour la terre et les pâturages, ces conflits font peser une menace supplémentaire sur la stabilité déjà bien fragile d’une vaste partie de l’Afrique.