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  • Le “national-conservatisme” ? Le nouveau piège du national-sionisme

    Publié par Guy Jovelin le 06 février 2020

    Comme nous l’avions déjà signalé, le 3 février s’est ouvert à Rome un colloque consacré au national-conservatisme.

    Contrairement à ce qui était annoncé sur l’affiche, Matteo Salvini n’y a pas participé, préférant se rendre utile en tenant meeting à Palerme.

    En l’absence de l’ancien ministre de l’Intérieur italien, toute l’attention s’est focalisée sur le hongrois Viktor Orban qui a tenu un discours de près d’une heure et demi.

    Du côté italien, c’est Giorgia Meloni qui a occupé la place principale, précisant que si elle accorde de l’intérêt à tisser des liens avec d’autres mouvements nationalistes, c’est uniquement pour le peuple italien qu’elle travaille. Une remarque peut-être pas si innocente que cela dans un tel contexte.

    En effet, officiellement ce colloque était organisé par l’association italienne Nazione Futura. Mais en vérité, ce sont deux Israéliens – Yoram Hazony et Ofir Haivry – qui sont les instigateurs de ce colloque.

    D’ailleurs, à peine montée à la tribune vêtue d’une mini-jupe qui ne passait pas inaperçue, Marion Maréchal, représentante française à ce colloque, s’est empressée de remercier son ami Yoram Hazony.

    Alors, qui sont Yoram Hazony et Ofir Haivry ?

    On nous les présente volontiers comme les dirigeants de la Fondation Edmond Burke, ce qui validerait cette notion de national-conservatisme mise en avant. Mais cela n’est qu’un paravent. Nos deux comparses israéliens sont surtout les fondateurs et dirigeants du Herzl Institute.

    Comme son nom l’indique, le Herzl Institute fait référence à Théodore Herzl, le père du sionisme.

    Auparavant, Yoram Hazony et Ofir Haivry avaient déjà été à l’origine du Shalem Center et de la revue sioniste Azure : Ideas for the Jewish Nation. Une tendance sioniste influente tant en Israël qu’aux États-Unis, et qui peut compter sur le soutien des protestants évangéliques à la Mike Pence.

    Yoram Hazony a aussi dirigé le projet de la Fondation John Templeton en théologie et philosophie juives et est membre du comité du Conseil israélien de l’enseignement supérieur chargé d’examiner les programmes d’études générales dans les universités et les collèges d’Israël.

    Il anime également le blog Jerusalem Letters sur la philosophie, la politique, le judaïsme et Israël. Hazony collabore occasionnellement au New York Times, ainsi qu’au Wall Street Journal.

    Hazony se considère comme un nationaliste israélien et un juif orthodoxe moderne. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont La vertu du nationalisme,  L’État juif: la lutte pour l’âme d’Israël et New Essays on Zionism.

    Quant à Ofir Haivry, il est actuellement vice-président du Herzl Institute et rédacteur en chef  de la revue Azure: Ideas for the Jewish Nation. Il est aussi membre du Conseil israélien de l’enseignement supérieur (CHE), du Conseil israélien d’archéologie, de l’équipe conjointe CHE-gouvernement supervisant les I-CORE (Israel Centers of Research Excellence), et membre de l’équipe de pilotage bilatérale pour la promotion des coopérations académiques entre Israël et l’Italie. Il a été membre du comité restreint de 2010 sur l’évaluation des règlements du prix Israël (rapport adopté par le ministre de l’Éducation) et du comité directeur 2009-2010 du projet TAMAR pour la restauration et l’autonomisation des infrastructures du patrimoine national d’Israël (à la réunion du Premier ministre).

    Signalons quelques-uns de ses articles : «Israël dans l’œil de l’ouragan» dans Mosaic Magazine, janvier 2014  et Nouveaux essais sur le sionisme (Shalem Press, Jérusalem, 2006).

    Un nouveau piège du national-sionisme

    Cette promotion du national-conservatisme organisée par Yoram Hazony et Ofir Haivry a tout d’un piège bien ficelé. A Rome, en toile de fond du colloque s’inscrit la mention God, honor, country. De quoi facilement en séduire plus d’un. Mais de quel Dieu est-il question ? Celui de la Bible ou celui du Talmud ? Regardez donc de plus près les photos de la toile de fond du colloque. Le logo du Herzl Institute y apparaît clairement. C’est donc bien une habile manœuvre sioniste.

    Or, que doit penser un catholique du sionisme ?

    Rappelons à ce sujet l’entretien avec le Pape Saint Pie X rapporté par Théodore Herzl, père du sionisme, dans son journal le 25 janvier 1904 :

    Je fus conduit chez le Pape en passant par un grand nombre de petits salons. Il me reçut debout et me tendit la main, que je ne baisai pas (…).
    Je lui soumis brièvement mon affaire. Il répondit sur un ton sévère et catégorique (…) :

    « Nous ne pouvons pas soutenir ce mouvement [sioniste]. Nous ne pourrons pas empêcher les juifs d’aller à Jérusalem, mais nous ne pouvons en aucun cas soutenir cela. Même si elle n’a pas toujours été sainte, la terre de Jérusalem a été sanctifiée par la vie de Jésus-Christ. En tant que chef de l’Eglise, je ne peux vous dire autre chose. Les juifs n’ont pas reconnu notre Seigneur, c’est pourquoi nous ne pouvons pas reconnaître le peuple juif. » (…)

    Et voilà, pensai-je, le vieux conflit qui recommence entre Rome et Jérusalem ; lui représente Rome, moi Jérusalem. (…)

    « – Mais que dites-vous, Saint-Père, de la situation actuelle ? demandai-je.
    – Je sais bien qu’il est désagréable de voir les Turcs en possession de nos Lieux saints, répondit-il. Nous sommes forcés de le supporter. Mais soutenir les juifs pour qu’ils obtiennent eux, les Lieux saints, c’est une chose que nous ne pouvons pas faire. »

    Je soulignai que notre motivation était la détresse des juifs, et que nous entendions laisser de côté les questions religieuses.

    « Oui, dit-il, mais nous, et plus spécialement moi en tant que chef de l’Eglise, ne le pouvons pas. Deux cas peuvent se présenter. Ou bien les juifs restent fidèles à leur croyance et continuent d’attendre le Messie, qui pour nous est déjà venu. Dans ce cas, ils nient la divinité de Jésus, et nous ne pouvons rien faire pour eux. Ou bien ils vont là-bas sans aucune religion, et dans ce cas-là nous pouvons encore moins les soutenir. La religion juive a été la base de la nôtre, mais elle a été remplacée par la doctrine du Christ, et dès lors nous ne pouvons plus reconnaître son existence. Les juifs, qui auraient dû être les premiers à reconnaître Jésus-Christ, ne l’ont pas fait jusqu’à ce jour. »

    Je faillis dire : « C’est ce qui arrive dans toutes les familles. Nul n’est prophète dans sa famille. » Au lieu de cela, je déclarai : « La terreur et les persécutions n’étaient peut-être pas les meilleurs moyens pour éclairer les juifs. »

    Il répliqua cette fois avec une simplicité désarmante :

    « Notre Seigneur est arrivé sans disposer d’aucune puissance. Il était pauvre. Il est venu en paix. Il n’a persécuté personne, on l’a persécuté. Même les Apôtres l’ont abandonné. Ce n’est qu’ensuite qu’il a grandi. C’est seulement au bout de trois siècles que l’Eglise a été mise en place. Les juifs avaient donc le temps de reconnaître la divinité de Jésus-Christ sans aucune pression extérieure. Mais ils ne l’ont pas fait, ils ne le font toujours pas à l’heure qu’il est. »

    « Mais, Saint-Père, dis-je, la situation des juifs est épouvantable. Je ne sais si Votre Sainteté réalise toute l’ampleur de ce drame. Nous avons besoin d’un pays pour les persécutés.
    – Mais cela doit-il être Jérusalem ? demanda-t-il.
    – Nous ne demandons pas Jérusalem, précisai-je, mais la Palestine, seulement le pays profane.
    Il répéta : « Nous ne pouvons pas soutenir cela. »
    «- Connaissez-vous, Saint-Père, la situation des juifs ? questionnai-je
    – Oui, je l’ai connue à Mantoue, répondit-il. Il y a des juifs là-bas. J’ai d’ailleurs toujours eu de bonnes relations avec les juifs. Tout récemment, un soir, j’ai eu la visite de deux juifs. Il est vrai qu’il existe des rapports qui se situent en dehors de la religion : des rapports de courtoisie et de charité. Nous ne refusons aux juifs ni l’une ni l’autre. Du reste, nous prions pour eux, afin que leur esprit s’éclaire. Précisément en ce jour, nous célébrons la fête d’un incroyant qui, sur le chemin de Damas, s’est converti de façon miraculeuse à la vraie croyance [Saint Paul]. Ainsi, si vous allez en Palestine et si vous y installez votre peuple, nous préparerons des églises et des prêtres pour les baptiser tous. »

    Theodore Herzl – Journal 1895-1904. Le fondateur du sionisme parle. Cité dans la revue « Le sel de la Terre ».

     

    Source : medias-presse.info