Publié par Guy Jovelin le 10 octobre 2019
Jean-François Touzé membre du bureau politique du Parti de la France
L'offensive de la Turquie contre les forces kurdes engagées en Syrie contre l'Etat islamique ammène de notre part trois réflexions.
1- La politique des États forts est d'abord celle de la continuité et de la ténacité. La Turquie d'Erdogan dont l'objectif principal n'est pas seulement de peser sur le plan régional mais bien la reconstitution de l'Empire Ottoman et le rétablissement de son leadership planétaire sur les musulmans sunnites, sait que ce projet à long terme passe par l'annéantissement de toute velléité de fondation d'un État kurde. Dès lors, tout sera mis en œuvre pour éradiquer cette menace considérée comme majeure par Ankara.
2- Cette offensive n'a été rendue possible que par la énième fluctuation des positions stratégiques américaines et par le retrait total de tous les soldats US présents sur le terrain d'operation. Une fois de plus, comme ce fut si souvent le cas dans leur pourtant courte histoire, les États Unis ont trahi leurs engagements et abandonné ceux qu'ils étaient sensés soutenir. La sympathie que nous éprouvons souvent, à tort ou à raison, pour Donald Trump ne change rien à l'affaire. Quelle sorte d'alliés avons nous là? Avec de tels amis, pas besoin d'ennemis.
3- La faiblesse de l'Europe est patente, son impuissance aveuglante, sa décomposition avérée. Par la faute opérationnelle d'Angela Merkel et la complaisance passive de l'ensemble des dirigeants des États de l'UE, l'abandon du contrôle des routes migratoires Centre Europe et balkaniques au dictateur islamique Erdogan a permis à celui ci d'exercer un chantage mortel sur les européens contraints de se coucher au moindre froncement de sourcils du nouveau sultan. La peur, si Erdogan décidait de rouvrir les vannes, de la déferlante migratoire qui s'en suivrait — déferlante qui, comme chacun le sait, n'est pourtant qu'un fantasme de l'extrême droite — ajoutée aux pressions exercées à l'intérieur même de nos territoires par la diaspora, suffit à changer tout responsable politique continental en statue de sel. Dès lors, Erdogan peut avancer ses pions. Et il vise loin...
Il n'y a pas d'indépendance sans liberté d'agir et pas de liberté d'agir sans force, sans volonté, sans détermination, sans objectif de pyissance. Il n'y aura jamais d'Europe tant que les eunuques la dirigeront.
JFT