Publié par Guy Jovelin le 14 octobre 2021
Olivier Pichon
Il est des périodes dans l’histoire où un pays croit en lui et affiche une rigueur en gestion publique, ajoutée à un sens de la souveraineté économique ; ce fut le cas, toutes choses égales par ailleurs, de la France des Trente Glorieuses. Tout se passe aujourd’hui comme si le renoncement était la seule loi qui prévale. Alors, comme en biologie, les organismes affaiblis sont la proie de toutes sortes de prédations et de parasitismes.
Le coût de l’immigration longtemps nié, les Français découvrent, un peu tard, que la prédation est partout, pillage de la Sécurité sociale, des millions de cartes Vitale en surnombre, ce qu’a démontré Charles Prats. Ce que l’on sait moins, c’est que les transferts unilatéraux (appellation pudique de la comptabilité nationale pour désigner les virements à l’étranger), en direction du Maghreb par exemple, constituent des montants non négligeables. Quand les immigrés espagnols ou portugais, dans les années 1960, pratiquaient ces transferts, ceux-ci provenaient de leur travail : aujourd’hui ils viennent des innombrables allocations sociales. Il faut aussi prendre en compte l’AME (1,5 milliard) et les coûts induits : délinquance, insécurité, justice, police, écoles, santé, toutes né- cessitant des dispositions particulières liées à l’immigration, qui augmentent la dépense. Globalement, un faible pourcentage (14 %) d’immigrés entrants travaille et participe au PIB dans un système, comme en France, où les transferts sociaux sont importants : 470 milliards de budget social contre 350 milliards pour le budget de l’Etat. Dans les années de croissance, le budget de l’Etat était supérieur au social. On voit bien aujourd’hui le déséquilibre entre le social et le régalien. Par exemple, plus l’insécurité augmente, plus elle induit des coûts sociaux publics, mais au détriment des mesures de sécurité qui relèvent du budget général. Un cercle vicieux est ainsi amorcé depuis trois décennies.
Pillage par le haut
L’affaire Alstom est emblématique ; nos amis américains ont obligé la firme à payer une énorme amende et l’ont contrainte à se vendre à General Electric en détournant le droit et la morale, pour les utiliser comme des armes économiques sous couvert de lutte contre la corruption (FCPA, Foreign Corrupt Practices Act). Mais dans la collection de nos amis, l’Allemagne joue aussi sa partition : d’ores et déjà la production du moteur Vinci est transférée de la France à l’Allemagne ; les moteurs d’Ariane 6, construits à Vernon (Eure), seront assemblés à Ottobrunn (Bavière). Coût du transfert : 40 millions payés par la France ! Grâce à l’euro, l’avantage compétitif est en faveur de l’Allemagne, et consacre l’hégémonie de l’industrie allemande sur sa rivale, ce qui lui permet d’accumuler les excédents commerciaux, tandis que la France accumule les déficits extérieurs (70 milliards). L’excédent allemand est de 215,6 milliards. Sans compter que le jour (proche) où les taux d’intérêt remonteront, c’est encore l’Allemagne qui sera maîtresse de ces taux, comme le laisse entendre le président de la Bundesbank Jens Weidmann. Dans ces conditions, que fera la France de son énorme dette (2 762 milliards) ? Moralité : la reconquête de la souveraineté est un gage de prospérité.
Source : Présent 13/10/2021