Publié par Guy Jovelin le 21 octobre 2021
21/10/2021
REPORTAGE – Après la mort de trois migrants sur les voies ferrées près de Saint-Jean-de-Luz la semaine dernière, Samy, Anas, Mohammed et Ali, originaires du Maghreb, tentent de traverser coûte que coûte la frontière franco-espagnole en empruntant les voies ferrées, entre Irun et Bayonne.
Malgré une chaleur approchant les 30 degrés ce dimanche 17 octobre, quatre hommes, au bout d’un quai, se tiennent recroquevillés, capuches enfoncées sur la tête, sans échanger une parole. Leur regard est tourné vers l’autre côté du rivage de la Bidassoa, le fleuve séparant Irun, en Espagne, et Hendaye, dans les Pyrénées-Atlantiques. Machinalement, les quatre hommes s’échangent une bouteille d’eau et se débarbouillent le visage. Samy, originaire d’Algérie, et Ali, originaire du Maroc, tentent de regagner la France, d’où ils ont été expulsés quelques mois plus tôt. Tandis qu’Anas et Mohammed, arrivant ensemble de Casablanca après cinq mois de marche, souhaitent continuer leur périple jusqu’au Canada. Mais aujourd’hui, un but les réunit : celui de passer la frontière pour entrer sur le territoire français.
17/10/2021
Plus de 16 500 entrées irrégulières se sont faites par l’Espagne depuis janvier 2021. Le Pays basque est devenu un important point de passage. Deux migrants sont morts noyés dans le fleuve séparant les deux pays. Le nombre de clandestins algériens est en forte augmentation.
Plusieurs migrants veulent tenter coûte que coûte de passer de l’autre côté de la frontière franco-espagnole à Irun. “On reste là, on observe, et s’il y a une occasion, on tente de traverser“, témoigne un migrant d’origine ivoirienne. Bus, train, bateau, il envisage toutes les options pour rejoindre la France puis l’Angleterre. Ils sont de plus en plus nombreux à tenter leur chance. Dans la Bidassoa, le fleuve séparant l’Espagne et la France, deux personnes se sont noyées ces derniers mois.
Depuis trois ans et le renforcement des contrôles en Italie, une partie du flux migratoire s’est reportée vers les Pyrénées-Atlantiques. Le ministère de l’Intérieur recense 1 249 mesures de refoulement prises en août dernier, soit 23% de plus qu’en juillet, dont 352 concernaient des Algériens (+38%). Si la présence policière a quasiment doublé depuis l’automne 2020, plusieurs syndicats de policiers trouvent le nombre de patrouilles insuffisant, surtout la nuit, et demandent plus de moyens.