Publié par Guy de Laferrière le 10 janvier 2023
Xavier Driencourt, diplomate, ancien directeur général de l’administration du Quai d’Orsay, chef de l’Inspection générale des affaires étrangères, ancien ambassadeur de France à Alger, écrit dans Le Figaro :
(…) l’Algérie va mal, beaucoup plus mal que les observateurs ou les rares journalistes autorisés le pensent ; 45 millions d’Algériens n’ont qu’une obsession: partir et fuir. Partir où, si ce n’est en France, où chaque Algérien a de la famille? On ne compte plus aujourd’hui ceux qui demandent un visa dans le seul but de ne faire qu’un aller simple, c’est-à-dire de rester d’une façon ou d’une autre en France avec l’espoir d’être un jour régularisé. Les choix désastreux de 1962, la crise économique, la corruption née de la rente pétrolière, le découragement non seulement des élites des grandes villes du Nord, mais aussi du peuple des campagnes et de l’Algérie profonde, découragement stimulé par la générosité de la France, font qu’à ce rythme-là peu de gens resteront en Algérie. Le prix de notre aveuglement ou de nos compromissions s’appellera donc immigration massive, sans rapport avec ce qu’elle est aujourd’hui, islamisme conquérant, ghettoïsation de nos banlieues, repentance mémorielle.
La France fait face à un double paradoxe: d’une part celui de l’alliance, autrefois contre nature, entre une armée antifrançaise et des islamistes qui nous détestent, les deux ayant en commun la haine de la France et la ferme volonté d’éradiquer les survivances linguistiques ou culturelles de la colonisation tout en nous faisant payer, par l’émigration et les excuses, le prix de notre passé colonial ; le second paradoxe est celui, soixante ans après l’indépendance algérienne, de traîner toujours et encore le problème algérien auquel précisément les accords d’Evian devaient mettre fin. L’Algérie, en ce sens, a gagné le combat contre l’ancien colonisateur: elle reste un problème pour la France, elle s’effondre, mais risque d’entraîner Paris dans sa chute.
Source : lesalonbeige