Publié par Guy de Laferrière le 15février 2023
On reconnaît un régime totalitaire, ou un régime qui aspire à le devenir, à l’énergie qu’il déploie pour détruire la famille, c’est-à-dire ce qui est, de son point de vue, le noyau impénétrable.
Le régime totalitaire veut contrôler jusqu’à nos moindres faits et gestes et veut avoir sur chacun d’entre nous un accès total et permanent. Ses commissaires politiques, ses contrôleurs, sa police et tous ses agents doivent pouvoir savoir ce que vous faites, ce que vous dites, ce que vous pensez, ce que vous envisagez, ce que vous acceptez et ce que vous refusez. Tout le temps.
Pour ce genre d’emprise, la famille est un problème car elle est pour ainsi le seul endroit à l’intérieur de la communauté humaine où les gens se protègent entre eux. Sauf exception, un père ne trahira pas son fils, un époux sa femme, un enfant son parent. On peut succomber à la facilité de dénoncer un collègue, un « ami », un voisin, mais il y a dans les liens familiaux quelque chose de plus fort et, si la famille tient debout : quelque chose d’incassable.
Les agents totalitaires détestent la famille car elle constitue une sorte de bunker dans lequel ils n’arrivent pas à entrer facilement. Elle forme une barrière entre l’individu et l’État, qui empêche celui-ci d’exercer sur l’individu toute l’emprise dont il voudrait l’étreindre. La suprématie totale de l’État totalitaire ne se heurte à rien, en ce sens qu’elle a déjà fait tomber toutes les digues, sauf au noyau familial qui continue d’être l’ultime obstacle, l’ultime refuge à l’intérieur duquel les gens peuvent encore se protéger entre eux.
Détruire la famille est indispensable pour l’État totalitaire. Ses agents y travaillent, hélas avec de plus en plus de succès. Notre devoir, au nom de la dignité humaine, est de défendre ces bastions de vraie solidarité qui sont aussi des refuges de liberté.
Jonathan Sturel