Publié par Guy de Laferrière le 02 mai 2023
C’est une décision étonnante. Lors du couronnement, le 6 mai, de Charles III, les cultes non chrétiens tels que le judaïsme, l'hindouisme, le sikhisme, l'islam et le bouddhisme participeront activement à la cérémonie. Une première dans toute l’histoire du Royaume-Uni. La volonté de rompre avec une certaine tradition se retrouvera dans plusieurs aspects de cet office. Conscient de la crise économique, politique, et de sa popularité fragile, le nouveau roi choisit de multiplier les petits gestes pour paraître « moderne ».
Le très progressiste archevêque de Canterbury
Ce virage œcuménique est encouragé par l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, première figure de l’Église anglicane après le monarque. Ce dernier joue un rôle important auprès de la famille royale. Il a présidé les funérailles d’Élisabeth II et sera chargé du couronnement de Charles III la semaine prochaine. Par sa fonction, il diffuse ses idées très progressistes.
Justin Welby est favorable à la bénédiction des couples de même sexe, tout en refusant toujours de célébrer leur mariage religieux. De plus, il aimerait que l’ordination des femmes évêques soit autorisée. C’est en vertu de ses convictions qu’il accepte que la religion anglicane ne soit pas la seule à être représentée lors de la cérémonie. « Le couronnement est avant tout un acte de culte chrétien » mais, « en même temps, le service contient de nouveaux éléments qui reflètent la diversité de notre société contemporaine », a déclaré l’archevêque de Canterbury dans un communiqué datant du 29 avril.
Le roi passionné par l’islam
Comme le veut la tradition, le roi Charles III promettra de « défendre la foi » protestante et de protéger l’Église d’Angleterre, mais pas seulement. Le monarque, lui aussi connu pour son tropisme islamophile, récitera une prière à haute voix dans laquelle il demandera notamment à Dieu qu’il puisse « être une bénédiction pour tous les enfants, de toutes les fois et de toutes les convictions ». Après le couronnement, les représentants des différentes confessions salueront le souverain en déclarant qu’« en tant que voisins dans la foi [ils] reconnaissent la valeur du service public. Nous sommes unis avec les personnes de toutes les fois et de toutes les croyances dans l’action de grâce et dans le service à vos côtés pour le bien commun », d’après les éléments dévoilés par les services de l’archevêque de Canterbury.
Un contexte social difficile
Confrontée à l’inflation de plus de 10 % dans le pays, la Couronne s’oblige à réduire le faste de l’événement afin de montrer que la monarchie, aussi, fait des économies. Ainsi, il y aura quatre fois moins d’invités au couronnement de Charles III que pour sa mère la reine Élisabeth en 1953. De même, il semblerait qu’il soit demandé aux femmes de la famille royale et de l’aristocratie de ne pas porter un diadème, comme le veut la tradition, mais plutôt des chapeaux ou des parures de tête. Au siècle dernier, 29.000 membres des forces armées avaient défilé avec Élisabeth II. Dimanche prochain, seulement 4.000 militaires escorteront Charles et Camilla.
Ces petits gestes vont-ils apaiser les opposants à la monarchie ? Certains parlent déjà d’offense et de « mépris du peuple » concernant l’allégeance du peuple britannique envers le souverain, et le mouvement anti-royauté « Republic » appelle à manifester le jour du couronnent. Si environ 22 % du peuple britannique se revendiquent républicains, Charles III recueille 56 % d’opinions favorables, contre 80 % pour sa mère.
La monarchie britannique est appréciée pour son rôle d'unité de la nation et de gardienne des valeurs traditionnelles. Il semblerait qu’elle veuille abandonner une partie de son héritage pour adopter le « vivre ensemble ».
Source : bvoltaire