Publié par Guy Jovelin le 05 novembre 2025

Zemmour (1) ne souhaite pas une reconquête catholique
Le politicien Eric Zemmour, grâce au soutien des médias appartenant à l’industriel Bolloré, continue d’illusionner une partie – de plus en plus réduite – d’électeurs prêts à troquer le nationalisme français contre le national-sionisme. La sortie de son nouveau livre La Messe n’est pas dite relance le débat sur ce personnage qui, dans les coulisses, avec sa compagne Sarah Knafo, côtoie régulièrement Meyer Habib, celui qui fit autrefois partie d’un commando sioniste qui attaqua violemment un défilé d’hommage à Sainte Jeanne d’Arc.
Ajoutons, devoir de mémoire oblige, qu’Eric Zemmour ne souhaite pas une reconquête catholique. En témoigne ce tweet, véritable affront fait à cette jeunesse catholique (et pas que la jeunesse) qui se mobilise et prie, oui, à genoux, publiquement, chaque fois qu’il le faut, pour réparer les sacrilèges, les blasphèmes et les lois scélérates qui souillent la France :
Le « judéo-christianisme », un contresens
Ici-même, François Marceron a déjà expliqué la confusion que représente le « judéo-christianisme », contresens que veut nous vendre Eric Zemmour. Certes, il y a bien quelques passages du livre de Zemmour qui peuvent nous satisfaire, comme celui mis en exergue par Joseph de Kent, mais cela ne peut suffire à nous laisser berner. Notre idéal d’une France catholique ne doit pas succomber à un médiocre opportunisme politique, d’ailleurs sans issue.
Zemmour, du polémiste au théologien hérétique héritier de l’arianisme
Un lecteur m’a transmis cette réflexion – qui s’ajoute au débat – de Charles Vaugirard, historien, blogueur catholique, cofondateur du site Cahiers Libres, collaborateur du site Aleteia :
Nous connaissions Eric Zemmour polémiste puis homme politique, nous le découvrons maintenant théologien hérétique héritier de l’arianisme. Voici un extrait de La messe n’est pas dite :
« Les adeptes de Jésus se divisèrent alors en deux camps, qui devinrent de plus en plus irréconciliables : ceux qui, autour de son frère Jacques, ou de Pierre, adoraient en Jésus le plus grand des prophètes, mais des prophètes juifs, tout en continuant de respecter les obligations légales de la religion de leurs pères ; et les autres, dans la lignée de Paul, qui, estimant que Jésus était une révélation divine rendant caduc tout ce qui l’avait précédée, même la Loi, jetaient par-dessus bord ces contraintes pratiques pour embrasser la seule foi en Jésus, qui de prophète devint Messie, de Messie devint fils de Dieu, et de fils de Dieu devint Dieu. Ceux-ci n’hésitèrent pas, dans leur ouverture vers la société des gentils, à incorporer dans le dogme catholique des éléments venus du paganisme gréco-romain, et en particulier de l’enseignement de Platon, comme le culte de la Trinité ou la résurrection des âmes.«
Et oui, vous avez bien lu. Et dans son essai que j’ai lu en entier (il se lit vite), il revient souvent sur cette Église de Pierre qu’il qualifie de judéo-chrétienne, et qui a sa faveur, en opposition à celle de Paul qui serait l’ancêtre du protestantisme et du catholicisme post-Vatican II et qui voue ses adeptes à subir le Grand Remplacement.
J’avoue que je ne m’attendais pas à un tel degré d’ineptie. Ce qu’il dit est historiquement et théologiquement faux. Ce n’est rien d’autre qu’un arianisme, sorte de christianisme sans Christ qui ressemble finalement à… l’islam !
Et il n’y a pas que ça. Bien qu’il comprenne que la déchristianisation remonte au XVIIIeme siècle, il ignore totalement le grand renouveau catholique du XIXeme siècle. Il appelle à un christianisme identitaire défensif au sein de la République laïque (ses supporters tradis s’étoufferont en lisant ça, tout comme son éloge de Renan) en omettant que l’Eglise ne peut avoir une attitude défensive, qu’il compare à Verdun, mais au contraire doit être missionnaire. Il interprète la croissance du nombre de baptêmes d’adultes à la peur de l’islam alors que c’est plus complexe et surtout une aventure intérieure. Cet essai est évidemment une tentative de récupération politique du christianisme pour son parti politique qui est en chute libre. Mais de grâce, ne vous contentez pas de ses belles phrases flatteuses de ses extraits d’interview sur CNEWS : lisez tout son livre et vous comprendrez qu’il raconte beaucoup d’énormités au milieu de trop rares vérités.
Attention : je ne nie pas le danger de l’islamisme, ni la grave crise démographique française. Il y a effectivement une mutation démographique en cours et à venir, de même qu’un effondrement du christianisme. Mais ce qui nous menace n’est pas seulement l’islamisme radical, c’est surtout l’athéisme et l’installation d’une nouvelle société à coups de lois sociétales (euthanasie, GPA, etc). La réalité est beaucoup plus complexe que le discours de Monsieur Z. Et hélas elle n’est pas moins sombre… Mais aussi il se passe quelque chose de mystérieux : conversions, baptêmes d’adultes, confirmations d’adultes, succès du film Sacré Cœur et autres signes d’un retour. Est-ce le début d’un grand renouveau comme au XIXéme ou bien un phénomène passager ? Dieu seul le sait ! Mais il y a de quoi faire preuve d’espérance !
Enfin, dans le domaine géopolitique, n’oublions pas non plus, comme l’a souvent rappelé Alain Escada, que Zemmour nous ment en tentant de faire croire qu’Israël serait l’ami des chrétiens d’Orient.
Pierre-Alain Depauw
(1) Lire aussi à propos de Zemmour :
– La messe n’est pas dite » : Zemmour rêve d’une France sauvée parce qu’elle renouerait avec ses racines chrétiennes.
– Eric Zemmour dans le numéro 79 de la revue Civitas de septembre-novembre 2021 : « Zemmour, salut ou arnaque ? »
Source : medias-presse.info