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programme wwoofing

  • Pour les réfugiés et demandeurs d’asile, des séjours à la ferme pour tromper l’ennui

    Publié par Guy Jovelin le 20 août 2019

    Par  le 19/08/2019

    Depuis novembre 2018, le programme Wwoofing solidaire propose aux demandeurs d’asile et aux réfugiés des séjours dans des fermes françaises. En échange de quelques heures de travail par jour, les migrants, logés et nourris, découvrent le monde agricole au sein d’une famille. Alpha, un jeune Guinéen a accepté l’expérience, moins pour l’attrait de la campagne que pour échapper à l’oisiveté à laquelle sont condamnés de nombreux demandeurs d’asile interdits de travailler. InfoMigrants est allé à sa rencontre. […]

    Il faut ensuite suivre la route qui longe un pré dans lequel un troupeau de brebis paît tranquillement. La petite ferme du Puy Larcy est au bout, comme posée dans un écrin de verdure. Ici, à La Croisille-sur-Briance, en Haute-Vienne, vivent Paul Martin, éleveur de brebis et de vaches à viande, sa compagne Julie, leur petit garçon Alix et, depuis deux jours, Alpha, un demandeur d’asile de 24 ans. […]

    Alpha est là pour une semaine. La famille et lui ont signé une convention de wwoofing (le World-Wide Opportunities on Organic Farms), un réseau mondial de fermes biologiques qui accueille des personnes souhaitant s’initier aux savoir-faire de l’agriculture biologique. Depuis novembre 2018, le programme Wwoofing solidarité, lancé par Wwoof France et l’association Jesuit Refugee Service (JRS) permet à des demandeurs d’asile et des réfugiés de réaliser des séjours dans ces fermes. […]

    Pendant sept jours, Alpha va donc aider à déplacer les troupeaux de champ en champ, à distribuer les céréales ou à attraper un agneau, quand c’est nécessaire. Pour lui, tout cet environnement est nouveau, même s’il avait « vu des fermes françaises à la télévision ». Bottes de caoutchouc aux pieds et seau de grains à la main, l’apprenti fermier n’hésite pas à s’approcher des vaches mais reconnaît qu’elles lui faisaient un petit peu peur quand il est arrivé. Il faut dire que les Limousines de Paul sont bien plus grosses que les N’Dama rousses du Fouta, une région du centre de la Guinée. […]

    Quand son responsable au Cada lui a proposé de partir une semaine pour travailler dans une ferme, il n’a pas hésité. « Je m’ennuyais tout le temps. Il n’y avait rien à faire au Cada. Ici les activités m’occupent l’esprit », explique Alpha. […]

    À ces souffrances, ce sont ajoutées celles d’un exil parsemé de violences, d’une détention de près de six mois en Libye, de la traversée de la Méditerranée. C’est peu dire qu’Alpha est hanté par les souvenirs de ces traumatismes. Le jeune homme, aujourd’hui sous antidépresseurs, a même fait un séjour à l’hôpital psychiatrique en janvier.

    À quelques kilomètres de là, un autre Alpha, lui aussi Guinéen originaire de Conakry, entame son troisième séjour de wwoofing, à la ferme dite de la Huerta. Le jeune homme de 21 ans avait déjà été accueilli dans la famille d’Olivier et Sylvia Coste, maraîchers et éleveurs de poules. Emballé par son expérience et, lui aussi, désœuvré en attendant la réponse de sa demande d’asile, il a souhaité revenir. […]

    Depuis son arrivée, comme pendant son séjour précédent, Alpha, grand gaillard souriant, participe à la cueillette, au désherbage et à la préparation des sols. La famille et lui ont également signé une convention de wwoofing mais Alpha assure qu’il est complètement autonome. « Si je suis trop fatigué, je ne suis pas obligé de travailler. Certains jours, on travaille 2 heures, parfois 3 heures », précise-t-il. […]

    Dans cette ferme, comme dans celle du Puy Larcy, le travail n’est pas le seul dénominateur commun. Il y a les activités familiales aussi. Olivier et sa femme Sylvia ont à cœur de faire découvrir la région à leurs wwoofeurs. Lors de son dernier séjour, ils avaient emmené Alpha à un festival des arts du feu où des forgerons et des verriers présentaient leur métier. Il y a quelques semaines, la famille avait accueilli Bashir, un jeune Afghan. « Il n’avait jamais été à l’école et ne parlait pas anglais donc c’était difficile de communiquer mais on l’a emmené au bord de la mer, à Royan. C’était la première fois qu’il la voyait, il a adoré », raconte Olivier, cheveux ébouriffés et mains jaunies par les tomates. […]

    InfoMigrants via fdesouche