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sensivity reader

  • Toutes les maisons d’édition françaises font désormais appel à des “sensivity reader”, des relecteurs chargés d’expurger des ouvrages les situations qui pourraient blesser des minorités ethniques ou sexuelles

    Publié par Guy de Laferrière le 24 janvier 2023

    Dans le secteur anglo-saxon de l’édition, de nouveaux relecteurs sont déjà au travail, on le nomme les “sensitivity readers” et leur rôle est de débusquer dans les manuscrits des phrases ou des situations qui pourraient blesser des minorités ethniques ou sexuelles et provoquer des polémiques. Un article paru ces jours ci dans Le Monde précise que désormais toutes les maisons d’édition font appel à ces relecteurs et les candidats à ce nouveau métier en plein développement doivent se présenter avec leurs listes de compétences, des sujets sur lesquels ils sont particulièrement sensibles : “gros, milieux populaires, culture iroquoise ou encore style de vie végétarien”.

    Ce phénomène, essentiellement américain, gagne à présent la France. Aussi les “sensitivity readers” dont une traduction pourrait être, selon Christophe Rioux de Sciences Po, “démineurs littéraires” sont de nouveaux relecteurs engagés pour traquer dans les manuscrits des propos qui seraient potentiellement offensants pour des minorités.

    Loin d’être une simple censure, ces relectures souffrent pourtant de manichéisme. Ainsi faut-il rappeler que ce phénomène culturel et socio culturel s’est développé dans le contexte très particulier des Etats-Unis. S’il visait essentiellement un lectorat de jeunes adultes – soit les lecteurs de 12 à 18 ans, ces relectures se sont développées et touchent aujourd’hui toutes les littératures.

    Aux États-Unis, ce mouvement a d’abord touché les best sellers et tout.e écrivain.e assez connu.e pour générer une critique, voire une polémique. Or, l’un des dangers du phénomène serait de favoriser à nouveau l’attention – au sein même d’une économie qu’on appelle l’économie de l’attention – et donner davantage de médiatisation sur les best sellers, quand il faudrait plutôt soutenir les éditions indépendantes.

    France Culture via fdesouche