Publié par Guy de Laferrière le 31 janvier 2023
France Info a interrogé le sociologue Jean Viard sur le fait qu’une majorité de Français ne veulent plus se marier. Ses réponses ont terrifiantes. Et, outre le problème moral, il aborde les sujets que les politiques n’osent plus aborder : augmentation du prix de l’immobilier, financement des retraites.
franceinfo : Comment vous expliquez ce paradoxe ? Moins de mariages, mais on cherche quand même à officialiser sa relation…
Jean Viard : Alors il y a une augmentation des Pacs, le pacte civil de solidarité, c’est vrai. Mais le mouvement de fond, c’est quand même effectivement, qu’on sépare la vie privée sous la couette, les bébés et les institutions, c’est ça qui se passe. Il y a en gros 60% des enfants qui naissent aujourd’hui hors mariage. Il y a, par exemple, en Île-de-France, à Paris, un mariage sur deux qui se défait avant cinq ans. Donc, on est sur un nouveau modèle de vie où en gros, le mariage n’est pas la première étape (…)
Ça veut dire que ça relève du fait qu’on sort du cadre institutionnel. On est une société de liberté individuelle. C’est vrai pour la vie privée, c’est vrai pour la vie démocratique. On ne va voter, que si on est intéressé. Et moi souvent, je compare le taux d’abstention et les bébés au mariage. On va dire, ça n’a rien à voir, mais ça nous dit quelque chose d’une société d’autonomie de l’individu, qui est donc une société qui s’est déconstruite avec ses grands groupes (…)
Est-ce que c’est aussi quelque part une remise en question du couple, si on voit plus large ?
La vérité, c’est qu’on va vers une société d’individus qui vivent seuls. On a une explosion du célibat. On le voit aussi partout à Paris, la moitié, à peu près des logements, sont occupés par des personnes seules (…)
D’abord, il y a 30% des jeunes filles qui disent qu’elles ne veulent plus faire d’enfant, 37% des jeunes filles diplômées, à cause de la crise climatique. Elles se disent, mais dans quel monde je vais mettre mon bébé ?
Ça, c’est un enjeu majeur parce qu’on peut toujours discuter des retraites. Mais si on ne fait pas de bébés, il n’y a pas de cotisations et dans le contexte actuel, il faut mettre tout ça sur la table.
Source : hlesalonbeige