Publié par Guy Jovelin le 17 février 2021
Les députés votent ce mardi en première lecture le projet de loi contre le «séparatisme» islamiste. A Strasbourg, deux institutions particulièrement opaques, le Ditib et le Milli Görüs, servent de relais au pouvoir turc.
Dans le quartier de Koenigshoffen, à l’ouest de l’agglomération strasbourgeoise, qui compte près de 30 000 habitants originaires d’Anatolie, on marchande principalement en turc. Cette communauté évolue souvent en vase clos entre une myriade d’établissements, d’associations et de médias turcophones. « Un dicton populaire dit : le Turc n’a pas d’autre ami que le Turc, regrette Hulliya Turan, adjointe à la mairie, elle-même d’origine kurde. C’est très ancré dans les mentalités. »
Le plus grand consulat turc d’Europe
Certains de ces lieux communautaires sont directement liés au régime du président Recep Tayyip Erdogan, qui couvre la cité alsacienne d’attentions. Mi-2019, le plus grand bâtiment diplomatique turc dans le monde a été inauguré au bord du bassin de l’Ill, à deux pas du Conseil de l’Europe. Côté canal, les promeneurs ne distinguent pas le drapeau rouge de la Turquie. Pourtant, le consulat est monumental : 8900 m2 et cinq bâtiments en grès rose des Vosges et carreaux d’Iznik.
D’autres institutions sont encore plus opaques, comme le Ditib, une organisation affiliée au ministère turc des Affaires religieuses. Derrière la caisse d’une boucherie turque, Hamza, 23 ans, fréquente parfois les mosquées Ditib. Elles sont au nombre de 270 en France, dont 73 dans le Grand-Est, et les imams y sont envoyés et payés par Ankara. « Elles sont peut-être plus proches de la Turquie que les autres, mais j’ai l’impression qu’elles restent quand même indépendantes », imagine le jeune homme. (…)