La chronique de Philippe Randa
En cette période d’avenir incertain – mais l’avenir a-t-il jamais vraiment été certain ? – il est étonnant de constater que les mésaventures, sinon l’effondrement pour certains d’entre eux, de géants financiers, industriels ou économiques de l’internet ne soulève guère de commentaires.
Il en est ainsi des annonces de 11 000 licenciements annoncés par Mark Zuckerberg, le patron de Meta, la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, soit 13 % de ses effectifs… dans le même temps où Elon Musk « dégage » la moitié des employés de Twitter qu’il vient de racheter, pour des raisons certes de saine gestion tout autant que pour avoir les mains libres après ses tonitruantes annonces de « libérer » la parole de ses utilisateurs.
De plus, nous apprend BFMTV, « … tout le secteur de la technologie est concerné. Fin août, Snap, la maison mère de l’application Snapchat, a supprimé environ 20 % de ses effectifs. La semaine dernière, Stripe (paiements en ligne) et Lyft (réservations de voitures avec chauffeur) ont fait part de licenciements massifs, tandis qu’Amazon a gelé les embauches dans ses bureaux. »
Ainsi, ces GAFAM, dont on ne cesse de nous vanter la surpuissance – ou de nous « alerter sur », c’est selon – contre laquelle nous ne pourrions rien, apparaissent à l’évidence comme des géants aux pieds d’argile.
Certes, licenciements ne signifient pas disparitions : Facebook est toujours là et bien là… et Elon Musk n’a pas injecté dans le rachat de Twitter des dizaines de milliards de dollars (27 milliards de sa poche, 5,2 milliards apportés par des fonds d’investissement et des grandes fortunes et quelques prêts bancaires souscrits notamment auprès de la Société Générale et de BNP Paribas) à la légère sans avoir d’idées pour relancer cette affaire…
Mais les GAFAM ne sont pas les seuls géants à connaître des déboires… définitifs même pour FTX, deuxième plate-forme d’échange de cryptomonnaies, pourtant considérée comme l’une des plus sûres du monde, qui a été liquidé en une semaine, « ruinant » son PDG Sam Bankman-Fried dont la fortune était encore estimée il y a peu à 16 milliards de dollars, laissant sur le carreau 300 salariés et 100 000 clients avec leurs seuls yeux pour pleurer.
Ajoutons que la Chine n’est pas davantage épargnée puisque, nous apprend le magazine économique Cajing Tianxia, les licenciements se multiplient dans le secteur du numérique, notamment chez iQiyi (le « Netflix chinois »), Baidu, ByteDance ou Alibaba…
Ces exemples actuels – et combien d’autres ! – nous rappellent le sort de ces empires qui, tout au long de l’histoire de l’humanité, n’ont cessé de toujours vouloir gonfler démesurément afin d’asseoir leur domination politique, religieuse ou économique… sans voir que leur ambition aussi irrationnelle que démente portait en elle les causes de leur effondrement.
« Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre », nous dit un vieil adage latin… Cela reste finalement la seule certitude que l’on peut avoir dans l’avenir, et sans doute le seul espoir dans un monde sinon meilleur, tout au moins bien différent du nôtre. Avis aux mégalomanes tout autant qu’aux pessimistes !
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