Publié par Guy Jovelin le 05 avril 2021
ENQUÊTE – Sous couvert de rigorisme, la médecine prophétique musulmane se développe depuis plusieurs années dans la plus grande clandestinité. De violentes dérives, parfois meurtrières, sont régulièrement constatées.
«Lorsque les conseils des amis et l’amour d’une famille sont impuissants, lorsque la raison est devenue l’esclave de la passion ou que les problèmes relationnels se multiplient, la roqya devient nécessaire.» Migraines, dépression, mauvais œil, sorcellerie… Nombreux sont les maux que prétend soigner ce centre d’exorcisme islamique francilien, qui prône «l’autoguérison» grâce à la «confiance en Allah». Relayant des vidéos de prêches radicaux, promouvant un livre en ligne intitulé Le Sabre tranchant contre les sorciers malfaisants, cet «institut», comme tant d’autres, suscite l’inquiétude des autorités.
En 2019, déjà, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) avait mandaté Bilel Ainine, du CNRS, pour enquêter sur ces installations développant des «dérives sectaires sous couvert de pratiques rigoristes en Islam». «Mais l’État ayant dissous la mission en tant que structure indépendante, mon texte n’a toujours pas été publié», accuse le chercheur.