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jihadisme

  • L’ethnisme contre le jihadisme

    Publié par Guy Jovelin le 31 août 2022

    Djihadisme en Afrique | TV5MONDE - Informations

    Editorial de Bernard Lugan dans le dernier numéro de son bulletin électronique l’Afrique réelle :

    « Pour l’Occident, une société est « évoluée » dans la mesure où elle adopte ses « valeurs » : rapports égalitaires entre les hommes et les femmes, reconnaissance de l’homosexualité, LGBT, théorie du genre, démocratie, droits de l’homme etc.
    Pour une grande partie des Africains, tout cela n’est que perversion. Pour les jihadistes il s’agit de diablerie. L’incompréhension est donc totale.
    Un exemple : comme l’école occidentale est postulée fabriquer des mécréants, un jihad de purification est donc nécessaire contre elle. Voilà pourquoi Boko Haram enlève et tue les écoliers.
    Nous sommes loin de l’ « école de la République » et de l’ « école émancipatrice », mais bien face à une incommunicabilité référentielle. Dans ces conditions, tout ce que nous pouvons faire contre le terrorisme jihadiste ouest africain est vu comme une croisade ou comme une nouvelle colonisation.

    Ceci étant, par idéologie ou par manque de culture ethno-historique, les décideurs français ont « essentialisé » la question du terrorisme sahélien.
    C’est ainsi que sont systématiquement qualifiés de jihadistes tous les bandits armés, même quand ils ne sont pas mus par la volonté de combattre l’islam local « déviant ». Même quand nous sommes en présence de trafiquants revendiquant le jihadisme pour brouiller les pistes, ou parce qu’il est plus glorieux de prétendre combattre pour la plus grande gloire du Prophète que pour des cartouches de cigarettes ou des cargaisons de cocaïne. Même quand il s’agit de revendications ethniques, sociales et politiques simplement habillées du voile religieux car, dans toute la région, le jihadisme est souvent la simple surinfection de plaies ethniques.

    La réalité est qu’en 2022, bien qu’emboités, les fronts dits jihadistes n’ont pas « coagulé » dans un embrasement généralisé de tout le Sahel à travers un jihad global ayant pour but la fondation d’un califat transethnique.
    Cela ne s’est pas produit car l’universalisme islamiste a buté sur les réalités ethniques. L’ethnie est en effet ici la principale force de résistance en raison des énormes fossés historiques séparant les protagonistes.

    Voilà pourquoi le jihadisme qui affirmait vouloir dépasser l’ethnisme en le fondant dans un califat universel, s’est, tout au contraire, trouvé pris au piège d’affrontements ethno-centrés avec un ancrage de plus en plus évident sur certaines fractions du peuple peul.
    Désormais, plus que de terrorisme islamiste, c’est donc de jihadisme peul qu’il conviendrait peut-être de parler. Comme au XIXe siècle, quand les grands jihad peul dévastaient déjà la région sahélienne. Mais pour entrevoir ce phénomène, encore faut-il connaître l’ethno-histoire régionale et l’on pourra à ce sujet se reporter à mon livre Les guerres du Sahel des origines à nos jours. »

     

    Source : contre-info

  • “Est-ce qu’on a raté quelque chose ?” : les difficultés des services de renseignement face aux derniers attentats islamistes en France

    Publié par Guy Jovelin le 07 novembre 2020

    Les assaillants des trois attaques perpétrées depuis septembre étaient passés sous le radar des services. Des failles structurelles sont-elles en cause dans ces ratés ? Si le phénomène d’un jihadisme de proximité n’est pas nouveau, le contexte dans lequel il s’inscrit dépasse la seule problématique de la détection.

    On parle beaucoup des services [de renseignement] comme des institutions. Moi je travaille depuis sept ans avec des hommes et des femmes de conviction. Ils ne sont pas rentrés là parce qu’ils ont vu de la lumière. Chaque attentat est ressenti comme un échec pour nous“, lâche-t-il derrière l’écran qui masque son visage. Au même moment, les téléphones portables se mettent à vibrer dans la salle d’audience : un homme vient d’attaquer au hachoir deux personnes devant les anciens locaux de Charlie Hebdo. […]

    Un haut gradé de la DGSI reconnaît que le “travail d’initiative pour détecter ceux qui ne sont pas connus” des services doit être renforcé, en plus du suivi des 8 000 personnes déjà surveillées pour radicalisation islamiste. Mais il observe que si le mode opératoire des assaillants n’est pas nouveau – un jihad de proximité dit “low cost” avec une attaque isolée à l’arme blanche – leur profil l’est davantage : “On a affaire à des individus très déterminés qui ne justifient pas leur action au nom d’une organisation terroriste, mais au nom de leur religion, avec une atteinte portée au prophète.” Selon ce fonctionnaire, le contexte politique et diplomatique, avec une opinion dans certains pays musulmans très hostile à la France, peut expliquer l’origine étrangère de ces combattants, plus difficiles à détecter. […]

    Pour ce spécialiste, la question récurrente de la détection réactive les tensions “entre libertés et sécurité”. “L’idée même que tous les individus puissent être détectés et évalués en termes de menace renvoie à un autre régime politique que le nôtre...” estime Benjamin Oudet. “Nous avons tout sous les yeux, mais nous sommes en difficulté d’en déduire un référentiel d’action, car cela soulève des questions douloureuses : politique migratoire, politique de la ville, mémoire de la colonisation, politique étrangère ou encore opérations militaires extérieures françaises.” Des problématiques qui dépassent de loin les fonctions du renseignement.

    francetvinfo via fdesouche