La ville de Saint-Denis en Seine-Saint-Denis dépose cette semaine son dossier pour devenir capitale européenne de la culture en 2028. Son maire, Mathieu Hanotin (PS), détaille au JDD les points forts de la candidature de sa commune.
L’Europe de demain serait-elle au centre des périphéries ? Pour la première fois, une ville de banlieue va postuler au titre de capitale européenne de la culture. Saint-Denis (Seine-Saint-Denis ) déposera cette semaine son dossier au ministère de la Culture, chargé de l’organisation de la désignation de la lauréate française pour 2028. Une sélection en deux temps : une liste des villes retenues par un jury européen indépendant sera donnée en février 2023 ; la future capitale européenne de la culture sera désignée en décembre 2023. Parmi les candidates : Amiens, Bastia, Bourges, Clermont-Ferrand, Montpellier, Nice, Reims, Rouen. Avant une présentation à la presse mardi, Mathieu Hanotin confie au JDD pourquoi Saint-Denis devrait succéder à Paris, Lille, Avignon et Marseille.
Saint-Denis a accolé à sa candidature un mot-valise plein de poésie : « périféeries ». La banlieue peut-elle faire rêver ?
Les problèmes ne résument pas notre identité profonde. Saint-Denis est une ville de banlieue et nous ne voulons pas nous grimer en autre chose que ce que nous sommes. C’est la force de notre candidature : nous voulons questionner cette notion de périphérie ; avoir un impact sur l’urbanisme et la manière dont on construit les villes en montrant que cette notion de périphérie peut-être une chance. Développer un modèle fondé sur le multiculturalisme est une véritable opportunité : celle de régénérer le pacte républicain et de réenchanter le projet européen. Nous vivrions tous mieux si les centralités étaient mieux réparties dans les grandes métropoles, qui se meurent aujourd’hui de ne pas être plus harmonieuses.
“On s’est donné pour objectif de mettre la culture à dix minutes à pied de toutes et tous”
Cette volonté de construire une ville équilibrée dépasse l’essence de mon projet politique. Nous avons amorcé un tournant dans la manière de la construire et de la vivre au quotidien. À Saint-Denis, on s’est notamment donné pour objectif, à travers notre candidature, de mettre la culture à dix minutes à pied de toutes et de tous. Un tiers de notre programmation s’articule autour de la construction de filières économiques en nous servant de la culture comme outil de formation car nous sommes convaincus que ce sont des métiers d’avenir. Cette force créatrice qu’il y a dans nos banlieues, on veut l’amplifier : remobiliser, qualifier, réinsérer par les métiers écoculturels. Nous allons aussi ouvrir la Villa Dionysos à Saint-Denis, dont l’objet sera notamment de développer dès 2023 un programme de résidences d’artistes européens.
La Seine-Saint-Denis est le département de métropole le plus pauvre. Saint-Denis a-t-elle les moyens de ses ambitions ?
Notre candidature est soutenue par tout un écosystème : l’établissement public territorial Plaine Commune, le département, la Métropole et la Région. Parmi tous nos soutiens, il y a aussi neuf autres villes du département, trois dans le Val-de-Marne, trois dans les Hauts-de-Seine, et les trois arrondissements limitrophes parisiens (17e, 18e, 19e). Nous comptons parmi nos nombreux ambassadeurs Alain Ducasse, avec lequel nous avons un projet culturel autour des cuisines du monde, la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani, le rappeur MC Solaar, l’artiste d’art contemporain Hom Nguyen… […]
Le JDD via fdesouche