Publié par Guy Jovelin le 25 septembre 2020
L’affaire Bridgestone défraie la chronique. Le fabricant japonais de pneus devrait en effet fermer prochainement son usine de Béthune, conduisant au chômage 863 employés – sans parler des emplois indirects.
Il n’est pas difficile de comprendre la colère de ces ouvriers et des élus locaux.
D’autant qu’entre 2008 et 2019, l’usine a reçu au moins 620 000€ d’argent public.
Mais j’avoue que les colères de Bruno Le Maire ou de Xavier Bertrand ne me semblent pas très convaincantes.
Oh, bien sûr, ils sont sans doute réellement scandalisés qu’une société ayant reçu de l’argent public licencie massivement.
Mais comment ne voient-ils pas que ce qui est en cause, bien avant Bridgestone, ce sont leurs propres principes économiques et politiques?
Ce qui est malsain, c’est la possibilité même de donner de l’argent public aux entreprises.
Avant la crise sanitaire, on estimait généralement ces aides publiques aux entreprises à quelque 100 milliards d’euros.
Un gouvernement réellement favorable aux libertés, aux entreprises et à l’emploi devrait supprimer ces aides publiques et les transformer en baisses de charges.
Ce n’est pas, en effet, aux dirigeants politiques de dire aux entrepreneurs où ils devraient investir.
Or, donner de l’argent public aux entreprises, c’est exactement cela. Mais croit-on vraiment que Xavier Bertrand est plus compétent que le PDG de Bridgestone pour savoir où investir?
Par ailleurs, tout le monde sait que les aides publiques sont massivement absorbées par les grandes entreprises multinationales (qui ne créent guère d’emplois en France) et non par les PME.
Pour une raison simple : un patron de PME n’a pas le temps de remplir les innombrables paperasses qui accompagnent et conditionnent ces aides publiques. Et il n’a d’ailleurs pas, en général, le réseau qui pourrait le faire bénéficier de cette manne publique.
Au contraire, les baisses de charges profiteraient à tous.
Plus exactement, elles profiteraient à toutes les entreprises rentables (car les aides publiques maintiennent artificiellement en vie des entreprises condamnées à disparaître).
Moins de paperasses, plus de PME rentables, plus d’emplois. Les avantages des baisses de charges sur les aides publiques sont clairs. Alors pourquoi ces dernières subsistent-elles ? Tout simplement parce qu’elles entretiennent le clientélisme électoral qui nous coûte si cher.
Source : les4verites