Publié par Guy Jovelin le 19 février 2022
Une fois passé la porte de ce bureau, on peut y trouver, s’il n’est pas requis dans une affaire, Elsadiq Obieda. Il officie à Bobigny depuis 2019, après 22 ans passés en tant qu’interprète. Maitrisant la langue arabe, il occupe le poste de traducteur-interprète coordinateur. « On a la charge de faire appel à des interprètes indépendants pour les besoins de procès ou autre, explique-t-il. « C’est un poste à plein temps, et on n’a pas le temps de faire autre chose. »
Pachtou, sarakolé, bengali, amharique… « En termes de traitement de langues, le tribunal de Bobigny est la plus grosse juridiction française à utiliser des interprètes. » […]
« On a quelqu’un qui parle agni [une langue vernaculaire de Côte d’Ivoire, nldr], c’est la première fois que je vois ça », dit-il en parcourant le registre de ses doigts. La langue des signes est, au grand regret de Elsadiq Obieda, peu présente. […]
« Un interprète qui travaille dans la justice, il est continuellement confronté à des choses atroces, entre celui qui a égorgé sa femme et ses enfants, celui qui a brûlé sa compagne, celui qui a violé sa mère… C’est notre quotidien. Il n’y a pas une semaine où vous n’êtes pas vraiment touchés », explique Elsadiq Obieda. […]