
Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat
Si les autorités françaises – Manuel Valls en Tête -, croyaient avoir enterré le problème calédonien en signant le 12 juillet dernier un accord révolutionnaire, proposant la création d’un « État calédonien au sein de la République française », elles en seront pour leurs frais.
Déjà, des voix d’opposants s’élèvent sur le caillou, telles celles, contradictoires, de Philippe Blaise, Premier vice-président de la province du sud – Nouméa et ses environs, au sens large du terme -, et d’une certaine Mélanie Atapo, présidente de « l’Union des syndicats des travailleurs Kanaks et des exploités » (sic !). Certains leaders des indépendantistes du FLNKS parlent, aussi, de « trahison », et désavouent leurs représentants à Paris, qui ont signé l’accord avec des « loyalistes », tout aussi critiqués par leur camp.
« Un long fleuve qui ne sera pas tranquille » !
D’abord, qu’est-ce qu’un « État » ? Sa définition juridique est, à peu près, la suivante : « personne morale de droit public détentrice de la souveraineté »…
Première difficulté, comment organiser un État différent de l’État français, tout en l’intégrant au sein de la République ? Quel casse-tête pour un étudiant en droit et, même, pour un professeur agrégé de droit constitutionnel !
Question connexe, « qui portera le pantalon », en l’occurrence, qui aura le dernier mot en matière financière et de, justement, souveraineté, ce concept recouvrant les pouvoirs régaliens : justice, police, défense et diplomatie ? On parle même d’une « nationalité calédonienne ». Les Caldoches et les Kanaks auront-ils, dans ce cas, un passeport différent de celui de la République française ? Beaucoup de questions sans réponses, on évolue en plein brouillard.
Il est prévu sur place un référendum en février 2026 – ce ne sera jamais que le cinquième, tous les précédents ayant accouché d’un « non » à l’indépendance -, et, selon les résultats, la convocation du Parlement en congrès, pour modifier la constitution et acter la création de cette nouvelle fameuse entité politique, différente de la France, mais tout en y étant. Comprenne qui pourra !
« État associé » ?
Certes, il y a des exemples d’États associés, les îles Cook et Niue avec la Nouvelle Zélande - des confettis dans l’océan Pacifique très faiblement peuplés -, et Porto-Rico avec les Etats-Unis, pour les plus connus. Mais il ne faut pas se leurrer, la création d’un « État » ne peut déboucher, à terme, que sur l’indépendance. Si Porto-Rico n’a pas encore choisi cette voie, c’est qu’une majorité de ses habitants aspire à devenir citoyens américains de plein droit, ce que refuse, pour l’heure Washington, pour des raisons économiques, démographiques et migratoires. L’île des Caraïbes est entre deux chaises, situation parfaitement inconfortable. Est-ce ce que nous voulons pour la Nouvelle-Calédonie encore française ?
Un dangereux précédent
D’autre part, accorder ce statut à la Nouvelle-Calédonie, serait ouvrir la boite de Pandore. Quels arguments pourrions-nous opposer au gouvernement de la Polynésie française pour refuser ce statut, ou aux îles des Antilles, pire, aux autonomistes corses ? Ce serait la porte ouverte à des revendications sécessionnistes qui ne manqueraient pas de fleurir ici ou là, même dans l’hexagone. Ayons toujours présent à l’esprit que les termites du séparatisme islamique, régional ou ethno-linguistique, sont toujours à la manœuvre.
La seule solution raisonnable - nous l’avons déjà dit ici -, serait une partition du « Caillou ». La province du nord et celle des îles formant une Kanaky indépendante, liée par des accords de coopération avec la France, et la transformation de la province du sud, en un département d’outre-mer. On ne peut que s’indigner et combattre cette nouvelle reculade du pouvoir macronien, qui n’en n’est pas à une trahison près de la France !