Publié par Guy Jovelin le 09 juillet 2019
Après la manifestation de samedi dénonçant les « féminicides », Marlène Schiappa annonce un « Grenelle des violences conjugales ».
On notera l’utilisation passablement décalée de cet adjectif désuet, s’il en est, de « conjugal » – « relatif à l’union des époux », comme on le lit dans le dictionnaire – qui sent à plein nez l’imagerie des années 60, quand les ménages français, façon Louis de Funès et Claude Gensac, partageaient avec deux enfants tirés à quatre épingles la blanquette de veau autour de la table familiale, beaucoup moins la réalité éphémère des couples de 2019, leurs contours flous et leurs parcours chaotiques. Mais la sémantique aide à planter un décor résolument vintage : c’est bien la société patriarcale héritée de nos aïeuls qu’il s’agit de dénoncer. Tout autre discours serait réputé déviant.
Il est, par exemple, inconvenant de remarquer que tout cela nous renvoie à la réalité biologique, une grossièreté affreusement mal vue mais terriblement têtue qui finit toujours par pulvériser les échafaudages idéologiques : l’égalité des sexes ne peut s’épanouir que dans un contexte où la loi du plus fort ne règne pas en maître, et à cet égard, le galant adage enseigné jadis aux garçonnets, afin qu’il soit dès le plus jeune âge intériorisé, « On ne frappe pas les filles même avec une rose » n’était peut-être pas si niais.
Nombre de féminicides ont aussi lieu dans la rue, et la logique ou la sororité voudrait que nos « gardiennes des Sceaux » successives, féministes revendiquées, se montrent spécialement répressives en matière d’insécurité en général et de délinquance sexuelle en particulier. Las, rappelons ce que disait, au sujet de Christiane Taubira, dans un entretien accordé à Valeurs actuelles de novembre 2014, le général Philippe Schmitt, père d’Anne-Lorraine, victime d’un criminel récidiviste : « Au sein d’un collectif de familles de victimes avec notamment les parents de Natacha Mougel, jeune joggeuse assassinée le 5 septembre 2010 à Marcq-en-Barœul (Nord) et les grands–parents d’Agnès Marin, assassinée à Chambon-sur-Loire le 16 novembre 2011, nous avons essayé de convaincre le pouvoir politique de lutter contre l’impunité en mettant en œuvre un système pénal vraiment dissuasif […] À ce titre, les peines plancher et la rétention de sûreté allaient dans le bon sens, mais ces mesures sont restées sans lendemain… Les avoir défendues m’a valu de figurer sur le « mur des cons » […] La politique pénale de Madame Taubira est criminogène car elle favorise le sentiment d’impunité des criminels et donc facilite la récidive […] » Que propose, de son côté, Nicole Belloubet ? « L’élargissement du téléphone grave danger » (France Info). Quelle formidable idée ! Toute femme devra-t-elle en être équipée ? Peut-on vraiment appeler ça une avancée ?
Il est, aussi, éminemment suspect de suggérer qu’eu égard à l’arrivée massive sur notre territoire de populations allogènes en provenance de pays classés par la fondation Thomson-Reuters comme « les plus dangereux pour les femmes » – l’Inde, l’Afghanistan,la Somalie, le Pakistan, etc. -, une vigilance accrue devrait s’imposer.
Il est, enfin, interdit de parler des féminicides in utero, phénomène réservé jusque-là à la Chine ou à l’Inde, mais qui touche aussi désormais l’Europe : en janvier 2014, une étude publiée dans The Independent révélait qu’il manquait entre 1.400 et 4.700 filles en Angleterre et au pays de Galles pour cause d’avortement sélectif. Quand la détection précoce du sexe advient avant la date légale pour avorter et qu’en plus, comme en France, l’exigence de « situation de détresse » a été supprimée, le fœtus est vite éliminé.
Laurence Rossignol prétendait donc défendre les femmes quand elle a essayé, récemment, de prolonger de 12 à 14 semaines le délai pour avorter ?
Ce n’est pas un Grenelle des violences qu’il faudrait, mais un Grenelle des incohérences, de la fausse bienséance, de l’hypocrite bien-pensance.
Source : bvoltaire